Impossibles adieux
Han Kang
Grasset, 2023, 22 €
Ce roman de la récente prix Nobel revient sur la répression en Corée du Sud du soulèvement de Jeju en 1948-1949. L’histoire commence aujourd’hui par un appel de l’amie de la narratrice. Elle lui demande de s’occuper du perroquet qui vit dans la maison de ses parents dans l’ile de Jeju. Va-t-elle le retrouver à temps ? Dans la maison, la narratrice découvre des archives qui décrivent un massacre méthodique de dizaines de milliers d’habitants de l’île par le gouvernement et des milices d’extrême droite. Ils sont soutenus par l’impérialisme américain dans le cadre de sa politique anticommuniste durant la guerre froide. Un roman très bien écrit, touchant, et qui jette la lumière sur des événements pourtant tabous dans le pays (la « loi sur les traîtres » interdisant d’en parler est restée en vigueur pendant 50 ans !).
La Place
Ch’oe Inhun
Actes Sud, 1993, d’occasion ou en bibliothèque
Ce roman décrit la désillusion politique d’un jeune Coréen au moment de la séparation entre la Corée du Sud et la Corée du Nord. Il commence par la révolte du protagoniste face à la répression que son père communiste subit de la part des autorités sud-coréennes. Cela l’amène à rejoindre la Corée du Nord, qui va rapidement le décevoir. Ce roman poignant, au style original, permet de mieux saisir les enjeux de la guerre de Corée de 1950-1953… et des impasses politiques des deux côtés de la frontière.
Le Nain
Cho Sehui
Actes Sud, 1999, d’occasion ou en bibliothèque
Cette série de nouvelles décrit le pays dans les années 1970. L’intérêt du livre est de présenter la situation des travailleurs dans cette période souvent vantée pour sa prospérité économique. La description précise de leur exploitation féroce s’accompagne d’une critique de la répression étatique avec la complicité des bureaucrates syndicaux. Le style mordant, incisif, et les personnages attachants en font une lecture très agréable et enrichissante.
Robin Klimt
