Cela fait maintenant plus d’un mois que les agents du PRCI1 de Marseille, principal poste d’aiguillage de la ville, sont mobilisés. Ils et elles se battent pour leurs salaires mais aussi pour l’amélioration des conditions de travail, qui se dégradent en raison du sous-effectif. Retour sur une grève qui en annonce d’autres, dans un secteur, l’aiguillage, qui se montre de plus en plus combatif au fil des années.
Comme dans bien des secteurs à la SNCF la situation a été critique au PRCI cet été. Si la plupart des demandes de congés ont pu être satisfaites, cela s’est fait au détriment des conditions de travail pour celles et ceux qui devaient rester en poste. Les « non-tenus » se sont multipliés et à plusieurs reprises des agents ont dû tenir deux postes de travail. Le tout sans pause, car les souffleurs/coupeurs, censés remplacer un autre aiguilleur pour qu’il puisse avoir une pause dans sa journée de travail, n’ont eux-mêmes pas été remplacés cet été pendant leur absence.
C’est une situation intenable, mais malheureusement devenue habituelle, dans beaucoup de postes d’aiguillage. La direction entretient un sous-effectif qui pourrit la vie des cheminots et cheminotes, le tout dans l’objectif de mettre en place les CCR2 ou CCU, sorte de postes d’aiguillage et de régulation avec d’énormes zones d’action. C’est le cas du PRCI de Marseille qui doit être rattaché à une CCR d’ici quelques années. Alors que cette modernisation des postes pourrait permettre d’améliorer les conditions de travail, c’est tout le contraire qui se passe : suppression de postes, augmentation de la productivité et des responsabilités vis-à-vis de la sécurité ferroviaire…
Toutes ces difficultés rencontrées, ajoutées aux salaires qui baissent au regard de l’inflation, ont poussé les cheminots et cheminotes à la grève dès le début du mois de septembre. Une première séquence de trois jours de grève a eu lieu les 7, 8 et 9 septembre, au moment de l’ouverture de la Coupe du monde de rugby. Devant le véritable succès de cette première mobilisation, les grévistes ont décidé de remettre ça à partir du week-end suivant, cette fois-ci pour une semaine. Finalement, face aux provocations de la direction de l’établissement qui multiplie les réunions de conciliation pour ne rien céder, la grève s’est poursuivie au-delà et a été reconduite.
Parmi les revendications des grévistes, figurent principalement des augmentations de salaires, sous la forme d’une augmentation de la prime de travail, et d’une prime pour compenser les journées de travail avec un effectif réduit, moyen de faire pression sur la direction de l’établissement pour qu’elle embauche. Embauches qui sont aussi directement réclamées par les grévistes.
Des assemblées générales se sont tenues régulièrement depuis le début du mouvement regroupant tous les grévistes, syndiqués et non syndiqués, qui ont pu débattre des propositions de la direction, ou plutôt du chantage car celles-ci sont toujours soumises à la levée du préavis de grève. Les délégations qui ont rencontré la direction ont été désignées par les grévistes. Aucune proposition n’a été à la hauteur de leurs revendications. Ils et elles ont donc décidé de maintenir le préavis et de poursuivre la grève.
La grève appartient aux grévistes, qui depuis plusieurs semaines tentent de faire connaître leur mouvement et de l’élargir. Partout, dans les postes d’aiguillage sur voies de service, dans les postes limitrophes du secteur ou encore au centre de régulation des circulations, l’accueil est très positif et même si l’extension de la grève n’a pas eu lieu, toutes et tous ont pu constater que les problèmes sont les mêmes. Les grévistes ont fait des efforts pour que leurs revendications puissent être reprises par d’autres, et la conscience d’une lutte commune émerge dans les têtes.
Après environ une quinzaine de journées de grève pour les plus mobilisés, les modalités de grève ont évolué et la mobilisation se poursuit dorénavant au PRCI sous la forme de débrayages quotidiens de 3h59. Les braises ne sont pas encore éteintes et déjà les grévistes font souffler un vent de contestation qui pourrait bien rallumer un incendie d’une plus grande ampleur.
Correspondante
1 Poste d’aiguillage à relais à commande informatique.
2 Commande centralisée du réseau.