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SNCF Paris Rive Gauche : grévilla à l’aiguillage !

Les cheminots et cheminotes des postes d’aiguillage de la région Paris Rive Gauche1 étaient en grève depuis le 22 mai, sous la forme de débrayages de 59 minutes par jour. À l’heure où nous écrivons, le mouvement se termine, suite à la signature d’un accord de fin de grève qui prévoit environ 1000 euros de primes versées sous différentes formes. Et avec la possibilité de remettre le couvert à la rentrée.

Tension sur les salaires

Les métiers de l’aiguillage font partie de ceux qui se mobilisent parfois fortement dans l’entreprise, notamment depuis 2021. Avec l’augmentation de l’inflation, la question des salaires domine clairement dans les têtes. En 2022, plusieurs mobilisations ont forcé la direction à créer une prime « circulation », spécifique aux métiers de l’aiguillage. D’un montant de 60 euros brut mensuels, elle est bien insuffisante, mais sa création a été une démonstration que la lutte paie. Alors, tant qu’on gagne on joue ! Sur la région Paris Rive Gauche, les organisations syndicales CGT et SUD-Rail ont appelé à sept journées de grève entre décembre 2023 et février 2024 sur des périodes de 24 heures ou sur des week-ends de départs ou retours de vacances. Face à ces mobilisations, la direction n’a quasiment pas fait de concession, il a donc fallu continuer à construire un rapport de force plus favorable et l’idée de débrayages de 59 minutes par jour2 a progressivement fait son chemin.

Des grévistes qui tiennent bon !

Le mouvement a commencé le 22 mai, avec des débrayages d’une heure le matin, à l’heure de pointe. Il fut particulièrement bien suivi dans les gros postes de l’établissement (Austerlitz, Versailles, Juvisy). La direction a immédiatement réagi en exerçant des pressions, menaçant de ne pas inscrire des collègues qui se déclaraient grévistes aux examens qui permettent d’évoluer et accéder à d’autres postes. Une stratégie abjecte, puisque ces pressions étaient exercées sur des collègues récemment embauchés, que la direction estimait plus malléables. Raté ! car bon nombre d’entre eux ont quand même fait grève. Dans le même ordre d’idée, les arrangements qui nous permettent parfois de gagner quelques heures de repos furent purement et simplement supprimés le temps de la grève. Ces provocations des dirigeants, venus nous remplacer quotidiennement pendant l’heure de grève, ont contribué à motiver bien des collègues à faire grève.

Au bout de quelques semaines, des équipes ont rajouté une heure de grève la nuit, entre 23 heures et minuit, conscientes qu’une seule heure de grève par jour ne suffirait pas à gagner. Au final ce mouvement aura été l’occasion de renforcer la cohésion entre collègues dans un contexte de division entretenu par la direction. À Austerlitz, les équipes de matinée ont pris l’habitude de se réunir pendant l’heure de grève à la boulangerie à côté du poste. Des discussions rapides, mais sans les chefs et sans les contraintes du travail, qui ont permis de souder un collectif, cassant les divisions entre anciens et nouveaux embauchés, entre statutaires et contractuels.

La grève appartient aux grévistes !

La grève s’est progressivement arrêtée fin juin après la signature d’un accord entre la direction et la CGT, alors même qu’au niveau national cette dernière refusait de siéger dans les instances en raison de la dissolution de l’Assemblée nationale. Alors que les dirigeants nous répétaient que notre grève n’avait pas d’impact et que la direction de l’établissement ne pouvait pas répondre à nos revendications, celle-ci a quand même fini par accorder environ 1000 euros de primes en échange de la levée des préavis de grève. Certes une petite victoire, mais cet accord est resté en travers de la gorge d’une bonne partie des grévistes qui n’ont pas été consultés avant la signature. Dans les postes autour d’Austerlitz, en grande majorité, les grévistes étaient contre, certains ont même poursuivis la grève sur des préavis SUD-Rail.

C’est la difficulté de ce type de mouvement de grève où les modalités ne permettent pas de tenir des assemblées générales pour décider collectivement des revendications, ni de quand on commence la grève, ni de quand on la termine si on estime avoir obtenu satisfaction. Il faudra remédier à ce problème, d’autant plus que les discussions vont bon train pour repartir en grève à la rentrée. Et parce que les revendications concernent des augmentations de salaire, il faudra s’adresser aux autres, en dehors de l’établissement, et pourquoi pas à d’autres métiers, pour tenter de construire la grève ensemble. Ce sera à ces conditions que nous pourrons vraiment gagner la prochaine fois.

Correspondant

1  La région SNCF comprend les réseaux d’Austerlitz et Montparnasse, limités à l’Île-de-France.

2  Les débrayages étaient limités à 59 minutes car au-delà c’est une demi-journée de salaire qui est déduite, au-delà de 3 heures 59, c’est la journée complète qui est perdue.