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Un an après le déraillement du train rempli de produits chimiques à East Palestine (Ohio), les accidents sont en hausse dans tout le pays

(Ci-dessous la traduction d’un article de nos camarades américains de Speak Out Now.)

 

L’accident ferroviaire de la Norfolk Southern (NS) survenu dans le village d’East Palestine dans l’Ohio, le 3 février 2023, a mis en lumière le mépris effroyable des compagnies ferroviaires pour la sécurité. Onze wagons transportant des produits chimiques toxiques sont déraillé et pris feu. Cinq mille personnes ont dû être évacuées. Le National Transportation Safety Board a déclaré que « l’accident aurait pu être évité à 100 % ». Non seulement celui-ci n’a pas été évité, mais de tels accidents ferroviaires sont inévitables parce que les compagnies ferroviaires comme la NS sont trop radines pour installer des équipements suffisants pour détecter la surchauffe des roulements de roue avant qu’ils ne tombent en panne et ne provoquent les déraillements. Stella Gamble, une habitante d’East Palestine, déclarait : « Tout ce qui s’est passé ici est identique à ce qui se passe partout ailleurs dans ce pays. C’est une histoire de gros sous […] Tout tourne autour de l’argent, et ils sacrifieront volontiers quelques milliers d’habitants des Appalaches [pour ça]. »

Les habitants d’East Palestine sont à juste titre sceptiques quant aux déclarations du gouvernement fédéral qui se veulent rassurantes, selon lesquelles il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Des odeurs chimiques immanquables continuent de réapparaître régulièrement dans l’air de la ville et les habitants souffrent de maladies respiratoires, d’éruptions cutanées, de vomissements, de migraines et d’autres symptômes persistants et inexpliqués. Certains habitants sont incapables de travailler en raison de problèmes de santé apparus après le déraillement. Même ceux qui se sentent bien pour l’instant considèrent que leur environnement est dangereux et s’inquiètent des effets à long terme sur leurs enfants et petits-enfants. Darren Gamble, un habitant de la ville, explique, à propos des risques pour la sécurité et les conséquences de la catastrophe : « Nous n’en savons pas plus aujourd’hui que le 2 ou le 3 février de l’année dernière. Il n’y a pas de réponses claires. »

À la suite de l’accident d’East Palestine, l’État américain a promis de contraindre les compagnies ferroviaires à accroître leurs efforts en matière de sécurité. Néanmoins, dans l’année qui a suivi cet accident, les déraillements sont passés de 227 pour les dix premiers mois de 2022 à 256 pour la même période en 2023. Le pourcentage d’accidents causés par des roulements surchauffés a doublé au cours de la même période.

Toutes les grandes compagnies ferroviaires ont réduit leurs effectifs au point qu’il n’y a plus de temps pour les contrôles de sécurité lorsque les trains sont assemblés dans les gares de triage. Les licenciements du personnel chargé de l’entretien des voies ont entraîné une augmentation constante des déraillements et autres accidents. Les grandes compagnies ferroviaires ont déclaré au gouvernement qu’elles n’installeraient pas davantage d’équipements de sécurité parce qu’elles veulent d’abord améliorer la technologie.

Les suppressions de postes alors que le fret ferroviaire augmente ont entraîné une hausse de 50 % du taux de profit des grandes compagnies ferroviaires. Le secrétaire aux Transports, Pete Buttigieg, a déclaré à la National Public Radio que les pressions exercées par les lobbyistes des chemins de fer avaient empêché l’adoption d’une législation renforçant les exigences en matière de sécurité. Dans ces conditions, a-t-il déclaré, « nous faisons de notre mieux » via des réglementations du ministère des Transports, qui n’ont toutefois pas eu beaucoup d’impact.

En janvier dernier, une coalition de syndicats du ferroviaire a soumis au ministère des Transports des améliorations spécifiques au règlement de sécurité pour les chemins de fer. Ils ont demandé au gouvernement d’appliquer une loi déjà en vigueur exigeant le licenciement des cadres qui ordonnent aux travailleurs d’ignorer les règles de sécurité ou qui passent outre les avertissements de sécurité. Ce sont ces mêmes syndicats qui, il y a un an, ont collaboré avec la Maison-Blanche pour bloquer une grève des chemins de fer. Il est donc peu probable qu’ils organisent leurs membres pour qu’ils agissent directement sur leur lieu de travail afin de mettre fin aux conditions de transport dangereuses. Pour améliorer la sécurité des chemins de fer, il faudra que les cheminots s’organisent à la base pour riposter. Des vies sont en jeu et il est grand temps d’agir.

10 février 2024