Nos vies valent plus que leurs profits

Une Europe forteresse bientôt conquise par l’extrême droite ? Le paradis pour le capital et l’enfer pour les travailleurs migrants !

Finie la démagogie nationaliste sur la sortie de l’Union européenne. Plutôt que d’en sortir, l’extrême droite compte en prendre la tête ! Elle dirige déjà le gouvernement en Italie, en Belgique et en Hongrie, et y participe ou le soutient aux Pays-Bas, en Finlande, en Slovaquie et en Suède. Bientôt en Autriche, voire en Allemagne et en France ? Les trois groupes d’extrême droite au Parlement européen totalisent 187 députés contre 188 pour le groupe des conservateurs du PPE, arrivé en tête. Et l’essentiel de son programme est déjà repris par les partis traditionnels.

Sur le plan économique, c’est-à-dire de la défense des intérêts patronaux, l’extrême droite adopte partout exactement la même politique que ses prédécesseurs de droite ou de gauche. Les envolées protectionnistes sont pour la galerie : ce sont les grands groupes capitalistes qui décident où ils produisent. En revanche, l’enfer se déchaîne contre les migrants : non seulement plus de 40 000 sont morts en Méditerranée depuis 2014, mais des millions sont parqués dans des camps financés par les États européens en Turquie, en Tunisie ou en Libye, tandis que des millions d’autres ont été transformés en sans-papiers par des politiques racistes de division.

Cette démagogie est aussi criminelle que mensongère, car le patronat a besoin de main-d’œuvre, mais d’une main-d’œuvre apeurée et exploitée. Draghi, dans un discours de présentation de son rapport, le rappelait sur son ton de technocrate fielleux : « Dans l’Union, […] on recense 28 professions, représentant 14 % de notre main-d’œuvre, souffrant actuellement d’une pénurie. […] Dans des sociétés vieillissantes et dans un contexte de réticence à l’égard de l’immigration, il nous faut trouver ces compétences en interne […]. L’un des acteurs les plus importants à cet égard seront les partenaires sociaux. L’Europe pourra compter sur [eux] pour aider […] à responsabiliser nos travailleurs. »

Non, des appareils syndicaux même bien intégrés n’arriveront pas à faire passer la pilule de ce racisme entretenu par en haut. Notre seule « responsabilité » de travailleurs, c’est d’unir nos forces contre les exploiteurs qui tentent de nous diviser.

Raphaël Preston

 

 

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