Que de beau monde, ce samedi 7 décembre, sous les regards goguenards des chimères à gueule de singe, têtes de lion ou corps de chèvre, qui le narguaient d’en haut.
Les princes de la planète s’étaient donné rendez-vous pour fêter en chœur la restauration de Notre-Dame, disons plutôt au vu de leur cérémonie le retour du Moyen Âge à Paris. Le prince Moulay Rachid, lointain descendant de Mahomet, représentait le roi du Maroc. Le prince William, du royaume d’Angleterre, avait délaissé l’abbaye de Westminster pour remplacer son King Charles de père sous la coupole de Notre-Dame. Le roi de la finance, Donald Trump, qui doit prêter serment sur la bible à Washington en janvier prochain, souriait aux côtés de son compère, Emmanuel Macron, coprince d’Andorre (accessoirement président de la République laïque en France, mais fidèle croyant). Volodymyr Zelensky, sans titre de noblesse, était aussi invité, il n’aurait pas loupé la messe et le défilé des calottes, mitres et crosses dorées des monseigneurs et archevêques.
« Je demande à Dieu de venir bénir l’orgue de Notre-Dame », a chanté l’archevêque de Paris, une fois, trois fois, dix fois, en vain. Dieu tout puissant a fait faux bond : on avait beau regarder vers le ciel, vers la grue illuminée qui domine encore la cathédrale, seul témoignage technologique du siècle présent, personne n’est descendu.
Mais un nouvel ex-voto orne désormais la « maison de Dieu », honorant la magnanimité et le veau d’or des saints donateurs, Bernard Arnault, Françoise Bettencourt, L’Oréal, LVMH, Axa, Total, Bouygues, la Banque Palatine… Seuls oubliés, les ouvriers et apprentis qui ont restauré le bâtiment, ainsi que les contribuables, ces manants qui ont payé la gabelle… et la note du gueuleton offert à l’Élysée par un Macron béat.
Non loin de là, dans les rues du Paris moderne, retentissait de quelques cris contre le massacre en Palestine. Ciel ! Une jacquerie ?
Olivier Belin