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La chute de Bachar el-Assad chagrine l’extrême droite

Alors que Marine Le Pen gardait un silence prudent sur le renversement du régime syrien, Jordan Bardella, le président du Rassemblement national, présentait el-Assad comme un « rempart » contre le déferlement de centaines de milliers de Syriens vers l’Europe. Il a déclaré sur France 3 : « Dans quelques mois, il est possible que nous payions les conséquences de cette prise de pouvoir des fondamentalistes islamistes par des flux migratoires importants », avant d’appeler l’Union européenne à « anticiper le risque d’un déferlement migratoire, où pourraient se glisser des terroristes islamistes ». Même son de cloche chez son allié Éric Ciotti qui a prédit « un chaos aux conséquences incalculables, notamment migratoires, pour l’Europe ». Et ce sans même évoquer les crimes épouvantables que les Assad, père et fils, ont commis contre leur propre peuple – et conduits à l’exil de six millions de personnes – et qui ont toujours été minimisés, voire niés, par l’extrême droite. La joie qu’ont manifestée nombre de Syriens, de l’intérieur comme de l’extérieur, à l’annonce de la chute du dictateur sanglant est tout à fait compréhensible. Mais il est plus que probable que les milices islamistes qui l’ont renversé mettront sur place un régime qui ne sera guère plus démocratique que le précédent. Pour cela il faudrait que le peuple syrien non seulement manifeste dans la rue mais mette sur pied les embryons d’un pouvoir véritablement populaire.