Zimmerwald 1915. L’internationalisme contre la Première Guerre mondiale, de Julien Chuzeville
éd. Smolny, 2024, 154 p., 10 €.
La conférence de Zimmerwald a réuni pendant quatre journées de septembre 1915 des représentants d’organisations politiques et syndicales ouvrières des principaux pays européens, alors en pleine guerre mondiale, dans l’objectif de discuter des moyens à employer pour mettre fin à celle-ci.
Julien Chuzeville la connaît bien. Il a rédigé une demi-douzaine d’ouvrages, portant notamment sur les origines du Parti communiste. Il a également participé à l’édition de recueils de textes de dirigeants révolutionnaires tels que Rosa Luxemburg ou Pierre Monatte. Dans ce livre, dont il avait publié une première version en 2015 aux éditions Demopolis, il prend peu la parole lui-même. Il se contente en effet de signer l’introduction et la conclusion d’un recueil de textes écrits juste avant ou peu après la conférence de Zimmerwald par des protagonistes de celle-ci. Mais c’est justement cette sélection qui s’avère la contribution la plus intéressante de l’auteur. Alors que les éditions de « documents » ou « thèses » de congrès sont souvent d’une lecture rébarbative, peu accessible pour celui qui s’y plonge un siècle ou plus après, la sélection proposée par Julien Chuzeville permet de mieux comprendre non seulement les enjeux, mais aussi le déroulement concret de la conférence. Elle comprend des compte-rendus retrouvés dans les archives de la Fédération CGT des Métaux ou publiés sous formes de brochures clandestines, que Julien Chuzeville a exhumées des archives de la préfecture de police de Paris. À ceux à qui elle aura donné d’en savoir plus, on conseillera les deux tomes du livre d’Alfred Rosmer (un des auteurs retenus dans la sélection) Le mouvement ouvrier pendant la Première Guerre mondiale, qu’une réédition récente (Les Bons Caractères, 2018) a rendus plus accessibles.
Mathieu Parant