C’est aujourd’hui que débute la période de cinq mois, appelée « trêve hivernale », durant laquelle les locataires ne peuvent plus être expulsés de leur logement. Cette loi existe depuis 1956. Elle a été promulguée dans la foulée de l’appel lancé par l’abbé Pierre lors de l’hiver 1954, particulièrement rigoureux, durant lequel de nombreuses personnes privées de leur logement étaient mortes de froid dans la rue. Cette « trêve hivernale » n’est que partielle, elle ne concerne pas notamment toutes les personnes considérées comme « squatteuses », sur lesquelles par ailleurs la loi Kasbarian-Bergé adoptée l’été dernier permet désormais d’abattre une répression accrue. Dans les départements d’outre-mer, cette trêve ne s’applique pas à l’identique, elle s’appelle « trêve cyclonique ou pluviale », en fonction du calendrier climatique.
Environ 38 000 personnes ont été expulsées de leur logement en 2022 en France, d’après les chiffres officiels. Mais selon la fondation Abbé-Pierre, c’est sans doute trois fois plus, puisque beaucoup de familles partent avant l’arrivée de la police. Ce chiffre est le plus haut depuis 20 ans ! Les craintes que cela soit encore plus élevé en 2023 du fait de l’inflation galopante qui entrave les droits les plus élémentaires pour des millions de prolétaires, dont le droit au logement, sont évidemment tout à fait justifiées. Aujourd’hui près de 3000 enfants dorment dans la rue. Les statistiques officielles parlent de 330 000 personnes au total sans domicile, un chiffre qui a doublé en dix ans ! Pourtant trois millions de logements, au bas mot, sont vacants dans ce pays ! Dont des immeubles vides depuis des décennies au cœur des grandes métropoles. L’ordonnance du 11 octobre 1945 permet pourtant de réquisitionner des logements vides en cas d’urgence… Dormir à la rue en est une. Mais l’État au service des capitalistes n’a pas la même vision de l’urgence.
Un toit c’est un droit ! Non aux expulsions quelle que soit la période de l’année, application de la loi de réquisition !
Marie Darouen