Décidément, les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Alors que dans sa campagne pour sa réélection en 2022, Macron avait déclaré « les personnes qui s’engagent dans un processus de transition doivent être respectées dans leur choix et leur vie ne doit pas être rendue plus complexe par des procédures administratives si elles sont inutiles », il a fustigé ce mardi 18 juin la proposition du Nouveau Front populaire (NFP) de changer de genre en mairie, d’« ubuesque ». Après avoir fait une passe décisive à Bardella en dissolvant l’Assemblée, il alimente le climat réactionnaire. En taxant ce même programme d’« immigrationniste », il reprend tous les thèmes et la phraséologie de l’extrême droite. Le barrage devient une autoroute !
Alliances électorales, promesses et retournements de veste : le grand jeu des élections bourgeoises
Il y a quelques semaines, le Sénat, à majorité Les Républicains, avait déjà adopté une proposition de loi visant à restreindre la transition des mineurs. À ce moment-là, les sénateurs Renaissance s’y étaient opposés taxant ce projet de transphobe. En quelques semaines, on voit un changement de ton et de stratégie électorale. Mais les droits des personnes LGBT ne sont pas une variable d’ajustement ! Alors que la proposition de loi du Sénat avait peu de chances d’aboutir devant l’Assemblée nationale, sa recomposition le 7 juillet change potentiellement la donne. Quoi qu’il arrive au moment des votes, le bloc droite et extrême droite en sortira renforcé, menaçant de faire passer ce genre de loi discriminatoire. Il n’y a qu’à voir le programme de Reconquête aux Européennes qui demandait par exemple la suppression de « tout financement aux associations militantes LGBT et wokistes » et tous les pays où l’extrême droite dirige ou est très forte, comme en Pologne ou en Hongrie, où les mesures LGBTphobes se multiplient.
Face à ça, le bloc de gauche du NFP veut se faire passer pour le grand défenseur des droits LGBT. S’il propose effectivement quelques mesures, il convient déjà de rappeler que, sans moyens alloués, refinancement des hôpitaux et plannings familiaux, autant brasser du vent. En même temps, comment ces partis pourraient-ils défendre l’hôpital public en investissant Aurélien Rousseau, ex-ministre de la Santé d’Élisabeth Borne, macroniste repenti ? De 2018 à 2021, entre deux jobs de gouvernement, il a été directeur général de l’Agence régionale de santé d’Île-de-France, responsable de la gestion catastrophique du Covid en région parisienne, mais aussi et surtout de milliers de fermetures de lits. Il a fait face à l’un des plus grands mouvements de grève aux urgences à Paris. Nos droits ne sont pas garantis tant qu’on continue à détruire les moyens matériels de leur application. On peut aussi se rappeler de la séquence « Mariage pour tous » de Hollande, lui aussi candidat du NFP. Plutôt que de faire passer la loi directement, alors qu’il avait la majorité à l’Assemblée, il a préféré attendre le « consensus populaire », laissant tous les homophobes vomir leur haine dans la rue pendant des mois. S’il n’avait aucun problème à envoyer les flics nous nasser dans les manifs contre sa loi Travail, les cordons de police protégeaient les réacs de la Manif pour tous. Alors qu’il était en train de détricoter le droit du travail, il imposait à tous ceux qui voulaient soutenir les droits LGBT de se ranger derrière lui… Seules nos luttes permettent de faire reculer les attaques réactionnaires, d’obtenir de nouveaux droits et de les conserver. Comme on le voit aux États-Unis avec le recul du droit à l’avortement, les droits peuvent vite être remis en question, seule notre mobilisation pourra les garantir.
Malgré l’augmentation des violences, nous ne nous laisserons pas faire !
Ce mois des fiertés est marqué par une multiplication des attaques réactionnaires. Que ce soient des nervis proches du GUD qui tabassent dans la rue, ou directement la police qui gaze la pride à Rennes, on voit une augmentation de la violence envers les personnes LGBT. Macron choisit de crier avec les loups. Le vernis progressiste dont il s’était enduit semble s’écailler de toutes parts. Proposant une PMA au rabais qui exclut les personnes trans, une constitutionnalisation de la « liberté d’avorter » qui lui permet de se racheter à peu de frais tout en détruisant l’hôpital public, Macron nous avait déjà montré les limites de son féminisme et de son engagement envers les droits LGBT. Mais la montée des discours réactionnaires, qu’il nourrit et attise depuis des mois, le pousse désormais à fustiger les droits trans.
Face à tous leurs petits calculs politiciens et leurs promesses presque déjà toujours trahies, nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes. C’est à nous d’imposer nos propres mots d’ordre pour enfin renvoyer à la poubelle tous ceux qui menacent nos droits et entretiennent toutes les oppressions.
Uma Daunai