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La nuit des longs couteaux, film documentaire de Marie-Pierre Camus, Gérard Puechmorel

Disponible sur la chaîne Youtube d’Arte

À partir d’images d’archives et de témoignages d’historiens, sont présentées les origines et le déroulement d’un événement éclairant de l’histoire du nazisme : la série d’assassinats qui élimina quelques centaines de dirigeants des sections d’assaut (Sturmabteilung, SA) en même temps que des opposants politiques à Hitler au petit matin du 30 juin 1934. Hitler, au pouvoir depuis un an et demi, a alors anéanti les organisations ouvrières, mais si les masses dépossédées et radicalisées dont il s’est servi obéissaient à un nazi de la première heure, Ernst Röhm, l’état-major de la SA reste suspect aux yeux de l’armée qui enjoint Hitler de le liquider. Cette milice armée, qui comptait en 1934 près de 400 000 hommes, sera décapitée, puis réorganisée afin de ne pas menacer les prérogatives de la Wehrmacht, instrument militaire officiel de la grande bourgeoisie dont les sommets se confondent avec elle. S’ensuivront ces exécutions sommaires auxquelles Hitler prendra personnellement part, avec les méthodes de gangster qui caractérisent le Troisième Reich.

Ce documentaire se distingue des nombreuses sources sur le sujet en ce qu’il dévoile la nature sociale du régime nazi qui puise ses racines dans la petite bourgeoisie déclassée et le lumpenprolétariat. Il illustre aussi ses liens avec le personnel politique de la bourgeoisie qui a donné à Hitler les clés du pouvoir. Ceux-là que les journalistes nomment « les conservateurs » accompagnent les nazis dans les différentes phases de leur exercice du pouvoir jusqu’à le sommer d’organiser ce massacre. Au contraire de ce que suggère la conclusion, le documentaire montre bien que le pouvoir d’Hitler n’est pas personnel, ou plutôt que se dissimule derrière ce pouvoir personnel celui d’une classe sociale à laquelle le chef du Reich demeure fidèle, dût-il s’en prendre à ses fidèles, dévoués de la première heure.

Utile à regarder pour aider à distinguer les nuances entre fascisme (nazisme) et extrême droite parlementaire.

Louis Dracon