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Vire-Normandie : les salariés ripostent à la Compagnie des fromages

Comme après chaque réunion de négociations autour du « plan de sauvegarde de l’emploi » (PSE) annoncé fin janvier, les salariés de la Compagnie des fromages & RichesMonts sont en grève à l’usine de Vire (Calvados) depuis mardi 29 avril… mais pas tout à fait comme d’habitude, car, cette fois, les grévistes ont pris la direction par surprise en organisant quelques jours après la réunion (et non dès le lendemain), sans prévenir, un blocage des camions livrant le lait à l’usine. Résultat : des camions vides bloqués à l’intérieur du site, des camions pleins qui ne peuvent pas rentrer et les ateliers à l’arrêt faute de matières premières. Le niveau de tension est donc monté d’un cran, à ce stade, car l’enjeu est de taille, avant la dernière réunion devant valider les accords.

Le PSE prévoit la fermeture d’un atelier de production pour rediriger les excédents de lait vers une filière bien plus lucrative : la vente vers le secteur de la fragmentation du lait, technique qui permet d’intégrer des éléments à d’autres produits alimentaires ou pharmaceutiques. Quarante-deux travailleurs et travailleuses sont concernés. Avec les reclassements, il s’agit de huit licenciements secs avec une prime de 400 euros par année d’ancienneté (en plus des indemnités légales et supra-légales) : autant dire pas grand-chose. Les salariés réclament, eux, la conversion des licenciements en plan de départs volontaires, une indemnité équivalente à un mois de salaire par année d’ancienneté, un allongement des congés de reclassement : ce n’est pas la lune, surtout pour une entreprise à 25 millions de résultat opérationnel courant (bénéfices avant impôts) en 2024, un record !

Mais pour le groupe, qui pourrait être amené à vouloir fermer d’autres sites ou ateliers à l’avenir, il s’agit de donner le moins possible pour que les prochains ne réclament par leur dû. Les salariés de Vire l’affirment : ils ne se battent pas seulement pour eux, mais aussi pour les autres. C’est pour cela qu’on trouvera des drapeaux syndicaux sur tous les autres sites de l’entreprise. Malheureusement, pour le moment, l’expression de la solidarité ne dépasse pas ce témoignage symbolique. Et c’est à la mobilisation active des collègues du groupe qu’il s’agit de travailler pour inverser le rapport de force.

Correspondant