
Cette semaine, le gouvernement annonce des attaques sur le système de santé, au prétexte de vouloir rétablir « l’équilibre financier » de la Sécurité sociale d’ici 2029. Dernière menace en date, durcir les conditions de remboursement des soins des personnes en « affection de longue durée » (ALD). Mais ce « trou de la Sécu » est artificiellement creusé. Le chômage et l’effritement des rémunérations des travailleurs grèvent les ressources d’un système financé avec l’argent des salaires. Et dans le même temps, les gouvernements, de droite comme de gauche, ont multiplié les cadeaux aux patrons en réduisant les cotisations que ces derniers doivent payer : les remises ont été multipliées par quatre en dix ans. L’État est obligé de compenser la quasi-totalité de ces exonérations, mais on peut noter que, depuis quelque temps, un reliquat n’est pas compensé : en 2023, il était tout de même de 2,6 milliards.
Ce « déficit » est un prétexte pour justifier leur politique et pour satisfaire les intérêts des entreprises. C’est bien l’assurance-maladie qui finance les cliniques, les labos, la médecine libérale, les équipements et les médicaments… et les banques, car au passage, pour rembourser cette « dette » de la Sécu, l’État emprunte. Ces vingt dernières années, ce sont 61 milliards d’euros qui ont été versés en intérêts. Les ressources des travailleurs, issues des cotisations sociales et des impôts, alimentent les caisses des capitalistes de la santé et des banques. Ça ruisselle, mais de bas en haut !
Si on les laisse faire, ce qui nous attend se lit dans les préconisations de la Cour des comptes : s’attaquer aux soignants en intérim (donc moins remplacer), réduire les fonctions dites « support » (virer des collègues du type secrétaire médicale), externaliser (embaucher sous des statuts plus défavorables), multiplier les partenariats public-privé (qui permettent aux entreprises de faire de l’argent sur la construction et l’entretien des hôpitaux). De manière générale, aggraver l’exploitation : course au rendement, harcèlement, suppression de postes, sous-effectif permanent. La seule conséquence de tout cela : réduire les possibilités de soins et faire plus avec moins de collègues. Bref, alourdir la charge de travail des hospitaliers et dégrader la qualité et l’accès aux soins. Retour dans ce dossier sur quelques absurdités du système de santé et folies du capitalisme.
Kris Miclos
Sommaire du dossier
- La santé braquée pour les profits : état d’urgences
- Déserts médicaux et pénurie de médecins : à qui la faute ?
- À l’AP-HP, coup de sang contre le sous-effectif
- Institut Gustave Roussy : vive le fric et l’exploitation
- Nouveau CHU de Nantes : aux petits soins des capitalistes de bâtiment et de la santé
- Hôpital psychiatrique de Novillars : la colère s’organise
- Hôpital du Rouvray : la psychiatrie au bord du gouffre
- Progrès et hypocrisie des lois « fin de vie »
- Livre — État d’Urgences : le quotidien d’une médecin en lutte pour l’hôpital public, de Caroline Brémaud