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Cantal : l’homophobie a encore tué

Caroline Grandjean-Paccoud, une institutrice de 42 ans qui dirigeait également l’école primaire de la petite commune cantalienne de Moussages, s’est donné la mort en se jetant dans un ravin le jour de la rentrée scolaire, après plusieurs années de harcèlement homophobe. Vivant en couple avec une autre femme avec laquelle elle était mariée, son calvaire avait commencé en 2023 lorsqu’elle avait découvert juste avant Noël un tag « Sale gouine » inscrit sur le préau de son établissement scolaire. Choquée l’enseignante s’était mise en arrêt maladie jusqu’en mars 2024. Lorsqu’elle a repris le travail, un nouveau message lui a été adressé à l’école : « gouine = pédophile », sans oublier des petits mots comme « va crever sale gouine », glissés dans la boîte aux lettres de l’établissement. L’auteur de bandes dessinées Remedieux, qui était un de ses proches, lui avait dédié l’un de ses 14 portraits dans sa BD, Cas d’école, sur ces instituteurs et institutrices ordinaires racontant la crise de la profession. Il a tenu à témoigner par ces mots : « Le corbeau qui l’a abreuvée d’insultes homophobes et de menaces de mort, les villageois et le maire qui ne l’ont pas soutenue, les collègues de son académie aux abonnés absents… Tout cela a contribué à creuser sa tombe. Mais l’Éducation nationale a planté les clous de son cercueil en n’assumant rien, allant jusqu’à porter plainte contre la bande dessinée, imposant à Caroline une audition au commissariat. Comme une coupable. » Une atmosphère homophobe contre laquelle les pouvoirs publics, et en premier lieu l’Éducation nationale, ne luttent que mollement, voire pas du tout.