Politiciens de tous bords, médias et institutions ne cessent de ressasser l’antienne : « Il nous faut une armée pour nous défendre. » Mais quand l’armée française s’est-elle battue pour « défendre le sol natal » depuis 1940 (et avec le succès que l’on sait cette année-là) ? Ça ne veut certes pas dire qu’elle n’a rien eu à faire pendant tout ce temps : les guerres coloniales et contre les peuples n’ont pas manqué. L’armée française est essentiellement structurée pour ces « opérations extérieures » bien loin des frontières du pays.
L’industrie d’armement suit ce mouvement. Lorsqu’il s’agit de matériel « traditionnel », c’est l’État ou des capitalistes-vautours qui s’en chargent, et encore sans enthousiasme. C’est que le profit est trop faible pour que les capitaux privés s’y investissent volontiers : c’est un repreneur surtout connu pour dépecer les entreprises en difficulté qui a repris la Fonderie de Bretagne pour y fabriquer des obus et c’est l’État qui a remis en marche tant bien que mal après quinze ans d’arrêt la poudrerie de Bergerac, là aussi pour des obus (de la poudre de propulsion). La guerre d’Ukraine et ses tranchées constituent l’essentiel des débouchés.
Ce qui fait l’objet de toutes les attentions, ce sont les systèmes high-tech greffés sur les armes nucléaires, les porte-avions, les avions de chasse ou les missiles balistiques, etc. Et personne ne peut croire que le porte-avions nucléaire Charles de Gaulle est destiné à caboter tranquillement entre Marseille et Nice pour « protéger » la baie d’Antibes…
Bien sûr, il est vain de tenter de distinguer entre opérations militaires et armements « défensifs » ou « offensifs », mais il est sûr que l’armée française et l’industrie qui la porte ne sont pas taillées pour la « défense de la patrie » : elles sont la projection d’un impérialisme agressif et rapace, l’impérialisme français.
M. G.
Sommaire du dossier
- Lecornu, ministre des Armées et Premier ministre : tout un programme à combattre !
- La farce de la « défense de la patrie »
- Industrie de l’armement : concentration et monopoles
- Secteur en plein boom, exploitation de haut vol
- Avion européen : des ailes un peu courtes
- Les armées recrutent : combattre l’embrigadement !