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Hongrie : grève sauvage des éboueurs à Budapest

Dans les rues du 3e arrondissement de Budapest, le 24 septembre. Source : Adrian Zoltan, 24.hu

 

 

Tôt le matin du mercredi 24 septembre, les éboueurs de plusieurs arrondissements de Budapest et de villes dans la banlieue de la capitale ont cessé spontanément le travail. En dehors du contrôle des deux principaux syndicats du secteur, c’est une expression spontanée de la colère accumulée.

Une série de problèmes a déclenché ce coup de colère : le manque de matériel – bottes de sécurité, vêtements de travail, matériel de sécurité –, les heures supplémentaires, des camions utilisés alors qu’ils ont été classifiés comme obsolètes et dangereux, et le fait d’être régulièrement accompagné par des « surveillants » d’entreprises privées, payés mieux que les éboueurs, alors que leur employeur fait des économies sur tout autre mesure de sécurité. Les éboueurs de la région de Budapest ne sont pas employés directement par la municipalité, qui sous-traite le nettoyage des déchets à une entité privé, Mohu.

Dès le premier jour, la grève a montré son effet dans les villes et arrondissements touchés. La municipalité a essayé de mettre sous pression l’entreprise sous-traitante, menaçant de ramasser les déchets et de les déposer devant ses bureaux, et de lui facturer le coût de la main-d’œuvre et des camions. Avec quelle main-d’œuvre ? Mystère !

S’il y a bien deux syndicats présents dans ce secteur, le Syndicat des travailleurs de l’industrie locale et municipale (HVDSZ2000) et le Syndicat des employés des services publics de Budapest (BKDSZ), ils se résument à des appareils de permanents et sont vus avec méfiance. C’est directement par les travailleurs du dépôt du 3e arrondissement que la grève est partie, et s’est étendue à plusieurs autres dépôts ainsi qu’à l’incinérateur de Rakospalot, essentiellement parmi les ripeurs et les conducteurs des camions-bennes – plusieurs centaines de grévistes. Les premiers ont simplement verrouillé la porte de sortie de leur dépôt et décrété qu’aucun camion ne sortira, entraînant ainsi leurs collègues. C’était le jour des encombrants dans le 3e arrondissement. Ainsi, quelques heures seulement après le début de la grève, les effets étaient visibles, vieux canapés et tas de planches jouxtant les poubelles sur les trottoirs. L’une des raisons probablement pour laquelle le management de Mohu a dépêché rapidement des envoyés pour négocier… qui ont échoué à trouver des volontaires pour jouer la partie.

Mais les menaces de mobiliser des huissiers et des avocats contre une grève illégale d’après le Code du travail hongrois, ont eu un certain effet d’intimidation sur les grévistes. Et malgré la méfiance justifiée à l’égard des appareils syndicaux, l’ouverture de négociations de l’entreprise avec les syndicats – avec des allusions que l’entreprise serait également prêt à inclure une délégation de grévistes – a mis fin à la grève. 48 heures après le début, au matin du vendredi, la plupart des grévistes se remettaient au travail – sceptiques par rapport aux intentions des syndicats et aux chances de succès des négociations, mais sans avoir trouvé la détermination et l’organisation pour poursuivre. Mais dans ce pays aux syndicats véreux et au Code du travail réduit au minimum, ce coup de colère pourrait donner le ton. À sept mois des élections où l’opposition libérale espère arracher le pouvoir à Orbán, surfant sur le mécontentement exprimé par la pride monstre de cet été, aux travailleurs hongrois d’exprimer leur colère, sans détour par les institutions !

Dima Rüger, 29 septembre 2025