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Besançon : l’extrême droite déroule sa propagande xénophobe

Dimanche 7 avril était jour de défilé pour le carnaval à Besançon. Devant les milliers de personnes rassemblées, deux militantes d’extrême droite ont brandi des pancartes sur lesquelles étaient écrit : « Violeurs étrangers dehors » et « Libérez-nous de l’immigration ». La maire écologiste de la ville, Anne Vignot, a porté plainte pour « incitation à la haine ».

Ces deux jeunes femmes appartiennent à un groupuscule d’extrême droite, Némésis, qui se définit comme « féministe identitaire » et regrouperait une centaine de membres à l’échelle nationale, dont deux ou trois à Besançon. Elles ont soutenu Marine Le Pen et Éric Zemmour lors de la dernière présidentielle, se prétendent victimes de violences sexuelles et sexistes commises par des hommes d’origine africaine ou de confession musulmane et condamnent le prétendu silence des féministes devant les agressions commises par les étrangers. Un collectif dont le soi-disant « féminisme » sert essentiellement de cache-sexe à une propagande clairement raciste et xénophobe. Ce groupe s’était déjà fait connaître à Besançon au mois de novembre par des tags sur une bibliothèque universitaire reprenant le même slogan « Libérez-nous de l’immigration ». L’université avait porté plainte pour « dégradation de locaux ».

Cette provocation d’extrême droite serait peut-être restée locale si le groupe des élus Rassemblement national à la région Bourgogne-Franche-Comté n’avait décidé de s’en emparer en brandissant à son tour en pleine séance des pancartes « Violeurs étrangers dehors ». Au cours de la même séance, un élu du RN, pour caractériser l’opposition, à son goût méprisée par la présidente, a utilisé le terme de « Untermensch » (sous-homme), employé abondamment par les nazis pour définir celles et ceux qui n’auraient pas correspondu à leur délire sur la « race aryenne ». La présidente du conseil régional, Marie-Guite Dufay, du Parti socialiste, a porté plainte ainsi que la Licra pour le même motif que la maire de Besançon : « incitation à la haine ». Le chef de ce groupe, et homme fort du RN en Bourgogne-Franche-Comté, est le député à l’Assemblée nationale Julien Odoul. Ce triste personnage s’était déjà fait remarquer à l’échelle nationale, là aussi au conseil régional, en 2019, en attaquant l’accompagnatrice d’un groupe d’enfants présent dans la salle du conseil dans le cadre d’une sortie scolaire, réclamant à la présidente de lui demander de « retirer son voile islamique ».

Sous le vernis de la « dédiabolisation », profitant des tribunes électives et nullement gêné par les actions en justice intentées contre lui, le Rassemblement national reste ce qu’il a toujours été : raciste et xénophobe.

Michel Grandry