Nos vies valent plus que leurs profits

Construire le rapport de force jusqu’à l’interdiction des licenciements

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Ce début de l’année 2024 a vu une nouvelle vague de menaces de licenciements et de fermetures de sites. Dans le secteur automobile, avec MA France, aux ordres de Stellantis dont elle est sous-traitante, des licenciements qui préfigurent ce qui menace le secteur en général dans le cadre des vastes restructurations en cours. Dans la chimie, avec l’annonce par Exxon Mobil de la fermeture du secteur production chimique de son site de Gravenchon (76). Menaces et destructions d’emploi aussi à Sanofi, à Pfizer, où à Air Liquide, Metex, Yves Rocher….

Aucune des entreprises qui ferment des sites ou licencient n’est en difficulté dès lors qu’il s’agit de verser des dividendes aux actionnaires. À commencer par Stellantis, avec ses 18 milliards de bénéfices nets en 2023, ou le géant pétrolier Exxon-Mobil.

Les vraies fausses solutions

Face aux licenciements, une partie de la gauche fait mine de monter au créneau pour rappeler au gouvernement son engagement à « réindustrialiser » la France, concurrence électorale exige.
Pourtant, au début des années 2000, la production dans l’Hexagone des deux constructeurs automobile français est passée de 2,5 millions de véhicules en 1997 à 3,3 millions en 2005. Si ce chiffre est retombé en 2007 au score de 1997, c’est avec des effectifs qui n’ont cessé de baisser et sont aujourd’hui de plus de 10 % inférieurs à ceux de 1997. Sur la même période, la production mondiale des deux groupes est passée de 4 millions de véhicules à plus de 6 millions.

La faute aux « délocalisations » ? Même pas. Selon le CCFA (Comité des constructeurs français d’automobiles), les effectifs du secteur sont passés en France entre 1980 et 2008 de 321 000 à 170 000 du fait des énormes gains de productivité réalisés sur le dos des travailleurs, dont ceux des entreprises de sous-traitance où est externalisée une part accrue de la production – et il s’agit de sites qu’on peut ouvrir ou fermer du jour au lendemain pour « optimiser » la main-d’œuvre et les profits.

La « réindustrialisation » chère aux politiciens, les « plans » ou « projets industriels » qu’avancent des syndicats, ne sont que vœux pieux, des conseils donnés aux patrons censés les convaincre que leurs profits iraient mieux en maintenant les emplois, ou en les maintenant en France plutôt qu’ailleurs. Mais s’ils restent maîtres de leurs choix, si l’on ne s’en prend pas à leurs profits, à leur droit de licencier, tout cela n’est qu’un leurre, doublé de l’illusion qu’on pourrait sauver son emploi ici en supprimant celui d’autres ailleurs.

Alors, faudrait-il une « loi de gauche » pour contraindre les patrons ? On a eu cette « Loi Florange » de 2013 censée obliger chaque entreprise qui ferme à chercher un repreneur…, loi qui a dégagé la responsabilité du gros employeur en lui permettant de sous-traiter à un « repreneur » les licenciements simplement différés au lendemain !

Une question de rapport de forces

Contre les licencieurs, le monde du travail doit assurer sa sauvegarde, exiger l’interdiction des licenciements, la diminution du temps de travail partout et le partage du travail entre tous, sans perte de salaire, jusqu’à résorption du chômage. Cela suppose un rapport de force à instaurer, par une lutte d’ensemble politique, où les travailleurs imposeront l’urgence de leurs vies face aux profits. Cela n’est évidemment pas à la portée des travailleurs d’une entreprise isolée. Mais les travailleurs attaqués ne sont pas seuls à subir : le nombre permettant de réagir collectivement est donc bien là. Et, quand la contagion transforme des luttes isolées défensives en lutte commune offensive, le rapport de force commence alors à s’inverser.
C’est à cela que nous devons nous préparer. Et, s’il y a quelque chose à délocaliser et généraliser, ce sont nos luttes !
Léo Baserli