Nos vies valent plus que leurs profits

Les transports publics, terrain de jeu des capitalistes

L’ouverture à la concurrence des transports publics, un vaste projet à rebours de l’histoire porté depuis des dizaines d’années par les gouvernements successifs, arrive à un tournant. Si l’essentiel des lignes de bus et de cars urbains et interurbains est privatisé depuis des années, nous n’en sommes qu’à la veille des premières tentatives de transfert de cheminots et d’agents de la RATP au privé. Une étape délicate pour le gouvernement et le patronat qui ont eu maille à partir avec les travailleurs de ces secteurs à plusieurs reprises, lors de plusieurs vagues de grèves ces dernières années – et encore récemment avec le mouvement contre la retraite à points.

Un calendrier sur mesure… électorale

Le calendrier de cette privatisation très particulière s’est étalé sur des années, mais l’histoire s’accélère. Les annonces de « lots » désignés pour subir des appels d’offre dans les mois qui viennent se multiplient dans le ferroviaire comme dans les transports urbains d’Île-de-France. Le contexte des élections régionales du printemps 2021 n’y est pas pour rien : les candidats de tout bord promettent une privatisation rapide à un électorat réactionnaire et resserrent leurs liens avec le puissant patronat de l’Union des transports publics et ferroviaires (UTP qui regroupe 230 entreprises dont les géants que sont la SNCF et la RATP). Mais cette ouverture à la concurrence sert surtout de prétexte pour orchestrer la destruction de l’ensemble des acquis sociaux des salariés concernés.

Ne pas se laisser (trans)faire

Choc des calendriers aussi dans le domaine feutré de la négociation d’accords collectifs du secteur. Pour en finir avec les statuts et réglementations du travail des deux entreprises publiques, pourtant déjà vidés de leur contenu par des contre-réformes comme celles des 35 heures ou des retraites, l’UTP s’est lancée dans la négociation de « cadres sociaux harmonisés ». Le patronat propose de nouvelles « conventions collectives » et autre « statut unique », reprenant le vocabulaire cher aux directions syndicales qui participent depuis des années à des « tables rondes » où elles discutent doctement la casse sociale sans jamais informer les premiers concernés ! Négociations qui devraient aboutir d’ici le début de l’année 2021 dans le ferroviaire, en Île-de-France, dans l’urbain ou l’interurbain. Les dizaines de milliers de travailleurs de ces secteurs découvriront presque en même temps le résultat catastrophique de ces discussions à froid, menées dans leur dos par des directions syndicales complices.

À l’issue d’un appel d’offre, le transfert de personnel sera obligatoire chez un nouvel opérateur et en cas de refus, c’est le licenciement ou la « mobilité ». Exactement comme dans les entreprises d’autres secteurs où se multiplient les accords dits de performance collective : le faux choix entre la baisse de salaire, l’augmentation du temps de travail ou… la porte. Cette ouverture à la concurrence accélérée est donc la déclinaison pour ce secteur de l’offensive patronale globale en cours contre tous les travailleurs. Le choc en retour peut être frontal !

23 octobre 2020, Marina Kuné

 

 


 

 

Article paru en 2020 dans un dossier Transports publics. Solidarité ouvrière contre concurrence patronale

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