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Résultats de la recherche pour : mayotte – Page 2

En visite à Mayotte ce week-end, Darmanin y a annoncé la suppression du droit du sol : « Il ne sera plus possible de devenir Français si on n’est pas soi-même enfant de parents français. » Applaudissements chaleureux du RN qui en rajoute aussitôt : il faudrait étendre la mesure à toute la France. À la course poursuite sur le terrain du racisme, Marine Le Pen aura toujours une longueur d’avance.

Mayotte, cette ancienne colonie que la France a réussi à garder (défiant même les lois dites internationales et les résolutions de l’ONU) au moment de l’indépendance des Comores, dont elle est l’une des iles, est aujourd’hui le département le plus pauvre de France. De nombreux habitants vivent dans des bidonvilles, l’accès à l’eau potable n’y est même pas assuré, mais les politiciens locaux et le gouvernement français font des migrants venus des autres îles des Comores les boucs-émissaires de la situation. La France a fait de Mayotte son 101e département pour préserver ses intérêts dans la région et n’a que faire de la situation des Mahorais. Un département un peu spécial, colonial, pour qui on va changer un peu la Constitution, histoire d’y rendre constitutionnelle la chasse aux migrants.

Cette politique de division a semé la haine à Mayotte, avec l’émergence de collectifs anti-migrants. Un aperçu de ce qu’ils tentent de faire aussi dans l’Hexagone, avec leur loi Immigration. La xénophobie est un poison pour la classe ouvrière, ne nous laissons pas diviser. Ouvrons les frontières, libre circulation pour tous.

Comme chacun sait Mayotte manque d’eau. Ce qui oblige l’État à distribuer chaque mois 17 millions de bouteilles d’eau minérale achetées à l’île Maurice. Pour remédier à cette situation et pallier la production insuffisante de l’usine locale de dessalement d’eau gérée par le groupe Vinci, le préfet a décidé la construction d’une seconde installation, beaucoup plus performante. Seul problème : le lieu choisi, à Ironi Bé, se trouve sur le lagon, entouré d’une barrière de corail de 140 kilomètres de long, considérée par les biologistes marins comme un sanctuaire pour la bio-diversité marine. Jusqu’à présent les protestations des organisations écologistes, des riverains et de la députée locale sont restées sans réponse. Le préfet, qui avait reçu l’an dernier le soutien d’Élisabeth Borne, s’obstine malgré la catastrophe écologique annoncée. « Le quinquennat sera écologiste » disait Macron. Il n’en prend toujours pas le chemin.

La Première ministre, Élisabeth Borne, était en déplacement éclair de 24 heures à Mayotte. Elle était censée aborder à la fois des questions comme l’immigration, l’hôpital, le logement, la sécurité mais surtout la grave crise de l’eau. Sur ce dernier point, elle a promis que les livraisons de bouteilles d’eau gratuites se poursuivraient. Mais sinon, elle s’en est tenue à des déclarations vagues et à quelques visites obligées d’une usine de désalinisation, d’une opération de distribution de bouteilles d’eau, d’un bidonville, etc. Rien de bien nouveau sous le soleil du plus pauvre département du pays où un tiers de l’habitat est insalubre, et 77 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Et la visite de Borne n’y changera rien.

Alors que Mayotte fait aujourd’hui face à une crise de l’eau sans précédent, plusieurs organisations demandent la suspension de l’opération Wuambushu (reprise en main), lancée par Darmanin au mois d’avril pour intensifier le programme de démolition des habitations en tôles pour raison d’insalubrité, au prétexte de régler, en même temps, les problèmes d’insécurité et de lutte contre l’immigration dite irrégulière. Depuis cette date, cinq quartiers ont été détruits pour un total de 400 logements selon les chiffres communiqués par le ministère de l’Intérieur et la préfecture de Mayotte. L’objectif annoncé par le gouvernement étant d’aboutir à détruire 1 250 logements d’ici la fin de l’année. C’est pourquoi l’Association pour le droit des étrangers, le Secours catholique, le Groupe d’information et de soutien des immigrés, la Ligue des droits de l’homme et le Syndicat des avocats de France demandent au gouvernement de mobiliser, avec les moyens nécessaires, toute son énergie sur la résolution de la crise de l’eau qui menace à très court terme des besoins vitaux de la population et, en conséquence, de suspendre immédiatement le programme de démolition des quartiers de cases en tôles, de cesser le contrôle administratif des habitants sur la voie publique qui entrave leur mobilité et de tout mettre en œuvre pour favoriser les déplacements vers les centres de soins afin d’enrayer tout risque d’épidémie. Peu de chance qu’ils soient entendus.

À l’appel de l’intersyndicale locale, qui regroupe les principales organisations de salariés, une grève générale illimitée a été lancée lundi dans l’archipel pour protester notamment contre une situation critique où les habitants n’ont accès que deux jours par semaine à de l’eau, qui n’est, en outre, pas toujours potable. Les Mahorais et Mahoraises se plaignent aussi du manque de sécurité, de l’état lamentable de l’habitat, de la pauvreté endémique, du chômage, etc. Les membres du corps enseignant et les hospitaliers sont particulièrement actifs dans la grève qui devrait durer jusqu’à vendredi pour se joindre au mouvement national lancé par les syndicats de Métropole.

À Mayotte, département le plus pauvre de France, la crise de l’eau s’aggrave : elle est déjà coupée deux jours sur trois, il est question de passer à trois jours sur quatre… Suite à une pétition du collectif « Mayotte a soif », l’État a promis de prendre en charge temporairement les factures d’eau des habitants. La filiale locale de Vinci continuait en effet à leur facturer une eau impropre à la consommation en raison des coupures… Au-delà d’une sécheresse inédite, c’est bien le sous-investissement de l’État français qui est en cause. Mayotte n’est française que pour servir ses intérêts dans la région, principalement pour contrôler le canal du Mozambique.

C’est ce qu’a écrit une des manifestantes mercredi 27 septembre contre la pénurie d’eau qui frappe l’île de l’océan Indien. Les Mahorais qui protestent à l’appel de « Mayotte a soif » sont conscients que le problème n’est pas seulement un déficit de précipitation. Leur manifestation s’est acheminée vers la Mahoraise des eaux qui relève du groupe Vinci. L’usine de dessalement qu’elle gère ne produit qu’un tiers des volumes promis lors de sa construction en 2018, et un tiers de l’eau du réseau d’eau théoriquement potable est perdu par les fuites.

Alors que Mayotte manque d’eau tous les jours et est confrontée à la sécheresse la plus importante depuis 26 ans, la situation « est suivie au jour le jour par une cellule de crise », a assuré sur Franceinfo Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, en ajoutant que les choses étaient « dramatiques ». On ne peut rien lui cacher. Interrogé pour savoir comment on en était arrivé là, Béchu a pointé dans l’ordre les responsables : « des élus locaux incompétents », « les migrants » et enfin « la situation climatique ». Quant à la responsabilité de la puissance coloniale, il ne l’a jamais évoquée. Et pourtant. Depuis 1841 l’impérialisme français a la mainmise sur Mayotte et pas grand-chose n’a été fait pour améliorer l’habitat du plus grand nombre, tenir en bon état les réseaux d’eau et d’électricité, entretenir les routes, etc. Et avoir transformé en 2009 l’archipel en département français (au demeurant le plus pauvre de l’Hexagone) n’a en rien amélioré le sort de la population. Béchu et ses prédécesseurs portent une lourde responsabilité dans la situation dramatique actuelle.