Nos vies valent plus que leurs profits

Solidarité avec la colère des agriculteurs : c’est le capitalisme qui nous affame tous !

Manifestation d’agriculteurs à Sassenage (Isère) en janvier 2024. Photo de Jean-Paul Corlin, source : wikipedia

Malgré les quelques annonces d’Attal, des blocages sont prévus cette semaine, chapeautés par des syndicats agricoles qui appellent à la fois « au calme » et à la « détermination ». La FNSEA, les Jeunes agriculteurs et la Coordination rurale, qui ont l’habitude de bien calibrer les actions spectaculaires de leurs troupes ont visiblement peur d’être débordés.
Le gouvernement est fébrile également. Si Attal promet un paquet d’annonces supplémentaires (la carotte), Darmanin, déjà, change de ton (le bâton). Du « On ne répond pas à la souffrance en envoyant les CRS » (merci pour tous ceux que les CRS ont cognés et qui ne souffrent sans doute pas assez aux yeux du ministre !), il passe à la promesse d’un « dispositif défensif important » contre tout blocage de Paris et masse des blindés devant Rungis !

Dans le monde du travail, c’est surtout la solidarité avec cette colère qui s’exprime : d’un côté de la chaine, les plus petits agriculteurs disent ne pas vivre de leur travail et de l’autre, notre salaire ne nous permet pas d’acheter correctement à manger !

Les ennemis des agriculteurs sont à la tête du mouvement et ne ciblent que des épouvantails !

Entre les deux, des grands capitalistes dont les profits dépendent du faible prix auquel ils achètent les matières premières, de l’exploitation des travailleurs des usines agroalimentaires et des supermarchés et, au bout du bout, des surprix au détail qu’ils nous infligent.

Certains producteurs laitiers ont ciblé Lactalis, numéro un mondial des produits laitiers (marques Lactel ou Président…) et presque 400 millions d’euros de bénéfice en 2022. Avec Lactalis, il y a toutes les coopératives (Paysan Breton, Francine, Florette et autres Yoplait) possédées sur le papier par les agriculteurs mais qui leur imposent en réalité la loi du marché. Et, à la tête de ces coopératives, on retrouve les plus gros rats des champs, souvent des cadres de la FNSEA dont le chef, Arnaud Rousseau, dirige le groupe Avril (Lesieur, Puget), plus de 200 millions d’euros de bénéfice en 2022.

Pas étonnant qu’au sommet de ce « monde agricole » on préfère crier haro sur les fruits espagnols, les poulets polonais et le blé ukrainien ! Et tout l’échiquier politique, de la gauche à l’extrême droite de reprendre en chœur… mais sans jamais dire que l’agriculture française est une des premières du monde et inonde de lait et de céréales les marchés des pays les plus pauvres, notamment ceux de l’ancien empire colonial !

À la ville et à la campagne, le problème c’est le capitalisme

Les agriculteurs expérimentent la violence d’une société capitaliste qui leur promet l’indépendance à la ferme mais les asservit à sa loi du fric. Ils mettent le gouvernement dans l’embarras. Et si c’était l’occasion de toutes et tous rentrer dans la danse, avec nos revendications et nos moyens de lutte ? D’ailleurs, ça tombe bien, des journées de grève nationales sont prévues, le 30 janvier à EDF pour des augmentations de salaire, le 1er février dans l’Éducation nationale contre les attaques concoctées par Attal lors de son passage éclair à ce ministère et pour plus de moyens, à partir du 6 février dans les technicentres SNCF et les ateliers de maintenance RATP…

Dans de nombreuses entreprises, les négociations annuelles sont chamboulées par des grèves. Des luttes déterminées sont la seule voie à suivre pour imposer les augmentations de salaire qu’il nous faut, pour enfin vivre et ne plus survivre comme on le lit sur les banderoles des piquets de grève.

Les agriculteurs montrent non seulement que bloquer le pays est possible, mais que c’est la seule façon de faire reculer le gouvernement. Ils ont leurs tracteurs pour cela, mais, pour les salariés, il nous suffirait de cesser le travail pour que le pays soit complètement à l’arrêt.

Mais pour porter le rapport de force à un niveau qui les ferait vaciller, il ne faudra pas s’en tenir au « chacun dans son coin » des directions syndicales. Il va falloir s’y mettre toutes et tous, dans un grand mouvement d’ensemble !

Editorial du 29 janvier 2024

 

 


 

 

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