Nos vies valent plus que leurs profits
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Une liste de 81 travailleurs, travailleuses et jeunes, contre leurs guerres mais aussi contre la guerre sociale qu’ils nous mènent

Passage de l’intervention de Selma Labib, qui conduit la liste « Pour un monde sans frontières ni patrons, urgence révolution ! », présentée par le NPA-Révolutionnaires, à la réunion publique du vendredi 26 avril au café du Village, Paris 13e.

Le gouvernement Attal, c’est le concours des mesurettes antisociales. Et chacune de ces mesures sert à nous pointer du doigt comme responsables de tous les problèmes.

La pénurie de médecins ? La faute à ceux qui ratent leurs rendez-vous. Conclusion ? « Taxe lapin », : 5 euros à payer si t’es pas là !

La pénurie de logements ? La faute à ceux qui restent dans les HLM quand leurs revenus ont dépassé les plafonds (mais pas la faute aux Balkany, les riches, on ne touche pas !) Conclusion ? Eh bien rien, pour répondre aux 2,4 millions de demandes de HLM et aux 330 000 personnes sans domicile, alors que les loyers s’envolent, et que 3,1 millions de logements sont laissés vacants. Pour nous, c’est clair : 3 millions de logements vides, c’est 3 millions de logements à réquisitionner !

Les manques de moyens dans la fonction publique ? La faute aux gens, trop habitués à la gratuité de tout pour tous, selon les mots bien choisis de Bruno Le Maire. Conclusion ? Guérini, ministre de la Fonction publique a la solution : lever le tabou des licenciements !

Mais le vrai tabou sur les licenciements, c’est que les patrons peuvent décider, du jour au lendemain, de priver de salaire et de travail des salariés, dans un contexte où l’assurance chômage est elle-même attaquée ! Les patrons licencient et le gouvernement fait pression sur les chômeurs. Une façon de faire accepter à ceux qui travaillent des conditions de travail et des salaires au rabais. Ce que nous, nous disons sans tabou sur les licenciements, c’est qu’il faut les interdire !

La pénurie d’emplois ? Évidemment la faute à ceux qui n’en ont pas ! Conclusion ? Réformes de l’assurance chômage, pour forcer les chômeurs à accepter n’importe quel emploi, peu importe qu’il les plonge dans la misère. Ce sont les travailleurs et travailleuses qui se battent aujourd’hui contre les licenciements, à PSA Stellantis, Sanofi ou ailleurs, qu’on accusera demain d’être les fainéants qui ne veulent pas travailler ! Du travail, il y en a trop pour ceux qui bossent. Ce qu’il faut, c’est le partager, entre tous et toutes, sans aucune baisse de salaire !

Les accusateurs des classes populaires, c’est les mêmes qui sont aux petits soins pour le patronat, qui leur déroulent le tapis rouge des cadeaux fiscaux, des subventions et marchés publics. Pendant la pandémie du Covid-19 dont Macron vantait hier la merveilleuse gestion, tous les partis politiques, depuis l’extrême droite jusqu’au PC et à la France Insoumise ont voté à l’unanimité 345 milliards d’euros de subvention pour les grands capitalistes. 345 milliards d’euros ! Alors c’est qui, maintenant, les assistés de cette société ?

En réalité, ce ne sont pas les Hayer, Attal, ni même les Macron, et leurs buzz provocateurs qui dirigent réellement la société. C’est le grand patronat, qui est le seul bénéficiaire de leurs politiques et qui en même temps se planque derrière eux.

Les patrons nous font bosser, en décidant de tout et nous volent une partie du fruit de notre travail. C’est ça, les profits. C’est sur notre dos, que le CAC 40 a enregistré cette année 150 milliards d’euros de bénéfices !

Ces 150 milliards de bénéfices, c’est le résultat de l’augmentation dramatique de l’exploitation : ne pas augmenter les salaires, intensifier le travail (on produit plus et on n’est pas mieux payés), augmenter le temps de travail en allongeant la journée et supprimant des congés (dans les bus depuis janvier 2023), ou encore en attaquant l’assurance maladie (jours de carence), le chômage (Attal) ou les retraites (Macron) qui sont du salaire différé.

Pour chaque attaque, des travailleurs répondent à l’offensive par leurs propres moyens d’expression, les grèves et manifestations.

Chez les contrôleurs aériens, il a suffi d’une menace de grève pour que le trafic soit complètement perturbé dans les aéroports parisiens hier. Eh oui, encore et à nouveau : la force des travailleurs, c’est la grève !

À la poste, il y a un facteur pour 10 000 habitants le samedi à Gennevilliers, et un pour 2 000 à Levallois ! « Selon que vous serez puissant ou misérable »… Et devinez qui va être délocalisé ? Devinez qui va voir supprimées 50 % des tournées ? Gennevilliers ! Ce mercredi, 90 % des facteurs étaient en grève, et les débrayages continuent !

Chez MA France, à Aulnay-sous-Bois, sous-traitant automobile, près de 300 ouvriers sont en grève depuis le 16 avril ! Ils réclament de « garder leurs emplois » suite à des menaces de fermeture du site, téléguidées par Stellantis, principal donneur d’ordre. 80 % de la production va pour les sites Stellantis de Poissy, Hordain (ex-Sevelnord) et de Luton en Angleterre. Leur grève a mis les trois sites à l’arrêt. Stellantis (et son PDG Carlos Tavares) s’arroge un droit de vie ou de mort sur le site de MA France : il est son principal client, celui qui fournit les matières premières, fixe les prix et décide des volumes. Mais, malgré ses menaces d’envoyer la production en Turquie, la direction de Stellantis est acculée par la grève. Elle a proposé, le lundi 22 avril, pas moins de 3 000 euros de prime pour reprendre le travail (sans la moindre garantie de la recevoir si l’usine ferme) : preuve qu’elle n’a pas les moyens de faire emboutir les pièces ailleurs, et que le rapport de force est en faveur des grévistes qui l’ont envoyée balader : ils continueront la grève, soutenus par une unité syndicale CGT-FO-CFDT : « Ici, il n’y a plus de différence entre les syndicats, il n’y a que des grévistes ! »

La grève bloque quatre sites industriels de Stellantis, dont Poissy. Elle coûte 50 millions par jour au groupe. C’est ça la force des travailleurs ! Leur revendication : au moins un jour de salaire de Tavarès par tête !

À la RATP où je travaille, nous sommes en ce moment même en train de nous mobiliser pour quelque chose d’aussi simple que « à travail égal, salaire égal », parce que la direction a décidé, pour le même travail, d’embaucher ses salariés pour 300 euros de moins que les autres, à partir de 2023. Aujourd’hui, c’est le jour de la paye, et la réaction des collègues quand ils ont vu leurs comptes en banque et les payes à 1600, 1700 balles, ça été de dire : vivement les journées de grève du 6 mai, du 21 et du 22 mai, pour aller chercher une seule et même grille de salaire pour tous et toutes, pour lever l’obstacle de la division et continuer à nous battre pour nos salaires, nos conditions de travail et pour une amélioration de l’offre de transports, tous ensemble, les jeunes comme les anciens ! Dans les transports, nos collègues de Keolis Argenteuil et Montesson sont eux aussi en grève, pour des augmentations de salaire !

Aujourd’hui, des luttes, et des grèves, il y en a. Certes, elles sont encore éparpillées et partout où nous sommes, nous cherchons à chaque fois à ce que nos revendications résonnent ailleurs, dans les autres secteurs. Parce que les salaires sont trop bas partout, et le travail s’intensifie lui aussi partout. Mais même éparpillées, nos luttes sont indispensables, parce qu’elles sont la seule et unique voix par laquelle on s’exprime de nous-mêmes. Rien qu’à l’échelle de nos bureaux de poste, de nos dépôts, de nos services, de nos ateliers ou de nos chaînes de montage, lorsqu’on s’arrête, nos directions sont contraintes de négocier. Eh bien ça, ça n’est qu’un tout petit aperçu de ce que ça pourrait donner, si on s’y mettait tous ensemble, en même temps ! À ce moment-là, ce ne seront plus les Macron et leurs discours sur la guerre, ou les sorties d’Attal, Le Pen et tous les autres qui feront l’actualité, ce sera nous, et nos préoccupations, auxquelles ils seront bien forcés de répondre. Oui, le gouvernement et le patronat ne comprennent qu’un langage, celui du rapport de force, par nos grèves et nos manifestations. Alors à nous maintenant de déranger leurs petites réunions bien rangées, et de leur imposer nos actualités, celles de nos luttes !

 

 


 

 

Extraits des interventions au meeting du 26 avril

 

 


 

 

Le meeting en vidéos