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Pour un féminisme de classe !

Nous reproduisons ici une partie de l’intervention de Raphaëlle, étudiante à Lyon et porte-parole du NPA jeunes, lors du meeting d’ouverture de la conférence nationale jeunes tenu le 26 avril à Paris. Cette conférence qui a rassemblé 320 camarades qui se sont exprimés dans les assemblées générales locales, s’est conclu à Paris par un week-end de discussion entre les délégués qui ont adopté une déclaration politique. Le meeting, ouvert, a rassemblé plus de 200 camarades pour le lancement de la campagne à Paris de notre liste « Pour un monde sans frontières ni patrons, urgence révolution ! ».

Impossible de passer à côté, le couturier Jacquemus est pris pour cible par Marion Maréchal. Alors pour moi Jacquemus, c’étaient surtout des fringues hors de prix qu’on n’a pas les moyens de se payer. Mais vous avez sûrement vu ce tweet à vomir où la candidate de Zemmour demande où est la mère des jumeaux que le couturier vient d’avoir avec son compagnon. La joie d’un couple d’avoir des enfants sert de paillasson aux obsessions réactionnaires sur ce que doit être une « vraie » famille – et les Le Pen s’y connaissent en matière de « vraie » famille.

Tous les fachos sont en boucle depuis plusieurs jours, en faisant mine de se préoccuper du sort des mères porteuses à travers le monde, car manifestement Jacquemus et son conjoint ont eu recours à une GPA, une gestation pour autrui. L’extrême droite ne se préoccupe des femmes étrangères, et se scandalise que leur ventre devienne une marchandise, seulement quand cela lui permet d’être homophobe ! Alors, quoi qu’on pense de la GPA, et dans notre cas, on est contre sa marchandisation, nous ne laisserons pas passer les attaques ignobles de ce type !

Pour les macronistes, l’occasion de s’acheter une bonne conscience était trop belle, ils ont tous taclé Marion Maréchal. C’est un peu toute l’histoire de ce gouvernement : des symboles et des belles paroles, mais rien dans la réalité pour améliorer la situation des LGBT ni des femmes. On a déjà eu ça il y a un mois et demi avec l’entrée dans la Constitution de la liberté d’avoir recours à l’IVG. Toute la majorité se félicitait d’être le premier pays à avoir fait ça, mais dans les faits, concrètement, qu’est-ce que ça change ? Absolument rien, car les moyens ne sont pas mis dans la santé. Pour rappel, 130 centres d’IVG ont été fermés l’année dernière. Mais pour Macron, qu’importe, l’essentiel c’est que Simone Veil soit au Panthéon ! Il n’aime les femmes que quand elles sont déjà mortes, pas quand elles sont bien vivantes et qu’elles peuvent se battre contre lui.

Car on est nombreux et nombreuses ici à ne pas vouloir se laisser faire, nombreux et nombreuses à comprendre qu’on ne pourra rien attendre de ce pouvoir pour améliorer notre existence. D’ailleurs, il n’y a pas si longtemps, le même Macron-défenseur-de-l’IVG, en un mot, parlait de transformer nos utérus en Kalachnikov avec son réarmement démographique. Et ce type veut faire croire qu’il fait barrage à l’extrême droite ? Mais son discours nataliste n’a rien de différent de celui de Le Pen ! Dans les deux cas, il s’agit d’avoir le maximum de futurs travailleurs et de futurs soldats, mais attention, avec la bonne étiquette « Made in France ».

Je disais qu’on est nombreux et nombreuses ici à penser qu’on ne peut compter que sur nous-mêmes. On en a encore eu la preuve hier : un tribunal de New York a annulé une des condamnations de Harvey Weinstein parce que, selon lui, il y a eu trop de témoins au procès. Pas assez de témoins, on comprend, mais trop de témoins, c’est bizarre. Pourtant non, c’est bien la justice bourgeoise et patriarcale dans toute sa splendeur : plus le mec a de choses à se reprocher, et moins on lui en reproche.

Pendant ce temps, les violences faites aux femmes ne connaissent pas de trêve, le mouvement MeToo continue même si tous les partis institutionnels prétendent avoir des solutions magiques. En ce moment, c’est le MeToo hôpital qui est en cours. Des affaires de harcèlement, d’agressions et des viols font surface. Dans le milieu hospitalier, il y a proportionnellement moins de femmes chez les médecins que chez les infirmiers et les aides-soignants. Les rapports de genre se doublent donc de rapports hiérarchiques. Cela ne veut pas dire que les femmes avec des postes à responsabilité seraient moins agressées, et il y a des exemples qui vont dans ce sens, ce sont même souvent ces exemples qui sont mis en avant par les médias. Mais c’est ce qui fait que les hommes en haut de l’échelle se croient tout permis contre leurs collègues femmes, et à plus forte raison les femmes qu’ils considèrent comme leurs subordonnées.

C’est pourquoi nous défendons un féminisme de classe, pour qui l’oppression des femmes n’est pas indépendante de l’organisation capitaliste de la société. C’est ce capitalisme exploiteur et réactionnaire qu’il faut renverser, et cela, seule la classe ouvrière, les travailleurs et les travailleuses, peut l’accomplir. Nous nous réclamons de la révolution russe de 1917 où le prolétariat a en quelques mois, plus fait pour lutter contre le patriarcat que les bourgeoisies des autres pays n’ont fait en quelques siècles ! Droit de vote et d’éligibilité, droit au divorce, avortement libre et gratuit, congé maternité et assurance de garder son emploi pendant sa grossesse, début de la socialisation des tâches domestiques pour libérer les femmes du foyer… La liste est longue et c’est à nous, aujourd’hui, de la continuer !

Raphaëlle Mizony

 

 


 

 

Extraits des interventions au meeting du 26 avril

 

 


 

 

Le meeting en vidéos