Nos vies valent plus que leurs profits

Grève pour les salaires : ce n’est que jus-TICE

Bon anniversaire à la grève des TICE !

 

« Et demain, ça sera l’anniversaire de la grève, on amène un gâteau ! » La grève des TICE, entamée mardi dernier pour une augmentation de salaire, boucle sa première semaine. Le moral est intact, le nombre de grévistes aussi. La grève se poursuit, avec une chanson pour l’augmentation, qui refuse les misérables 0,25 % proposés en plus par la direction.

 

Samedi dernier, banderole à l’appui, les grévistes sont allés répondre aux vœux du maire d’Évry, qui est aussi l’ancien président de la TICE, au cri unanime de : « Beaudet, du pognon ! » Le maire avait provoqué la colère des grévistes sur Facebook, en critiquant la revendication de 12 % d’augmentation et en qualifiant de généreuses les propositions de la direction (qui campe aujourd’hui sur 3,75 %). Mais 12 %, c’est le minimum pour que le salaire paie les mêmes factures qu’avant. Comme le dit un gréviste : « 12 %, c’est en fait 0 % : on est donc très raisonnables. »

Petits cadeaux : quelques arguments contre le patron

Beaudet et Caron, le directeur du dépôt – qui est aussi l’ancien premier adjoint de Beaudet à Courcouronnes – veulent nous faire pleurer. Ils n’auraient pas de sous !

Pas de sous ? C’est ce qu’ils disent. Mais tant qu’ils ne nous auront pas ouvert leurs livres de comptes, et fait la démonstration crayon en main, pas de raison de les croire sur parole. Ils avaient d’ailleurs commencé par affirmer qu’aucune augmentation n’était possible, avant de monter à 3 %, puis 3,5 %, puis 3,75 %. Ils auraient donc pu proposer ce dernier chiffre dès le départ – preuve s’il en fallait qu’on ne peut les croire sur parole.

Pas de sous ? Mais derrière la SEM (société d’économie mixte) qu’est la TICE se trouvent Transdev et Keolis, des multinationales qui brassent des milliards d’euros. Augmenter trois ou quatre cents conducteurs, c’est une goutte d’eau dans leur océan de fric. De l’argent, ils en ont, et ils pourraient sans difficulté financière monter à 12 %. Alors, pourquoi ce refus ?

Pour les patrons, on gagne toujours trop. Mais en plus, la direction de la TICE connaît depuis des années le plan du patronat des transports pour réorganiser le travail à l’échelle de l’Île-de-France, sous la forme des appels d’offres. Lors des changements de repreneur, les anciens accords d’entreprise risquent toujours d’être annulés, ce qui peut permettre aux patrons de faire travailler plus, en payant moins. Mais une chose ne peut pas bouger : c’est le salaire de base. Raison de plus pour eux, qui préparent ces appels d’offres, de ne pas augmenter les salaires. On peut être sûrs que tous les deux jours, la direction est au téléphone avec de plus hauts gradés du secteur, qui prennent des nouvelles de la grève et les encouragent à ne pas lâcher. Si les patrons de Transdev et Keolis soutiennent la direction, cela veut dire que les grévistes de la TICE sont déjà en bagarre contre ces poids lourds.

 

En soufflant les bougies, quel vœu pour la grève ?

 

On lui souhaite que les étincelles du brasero enflamment la zone industrielle et d’autres dépôts du coin. Que la grève s’étende. Elle pourrait partir comme un feu de paille : les travailleurs du transport ne sont pas les seuls à subir l’inflation.

Si les grévistes de la TICE se chargeaient de propager leur incendie, leur direction aurait du souci à se faire. Car à la pression du bas, par la grève, s’ajouterait la pression des patrons du coin, qui décrocheraient sans doute leur téléphone pour demander une reprise rapide des négociations et des propositions susceptibles d’arrêter la grève.

C’est la politique de la presse hydraulique : sous pression, ils finiront par craquer !

Simon Vries

 


 

Retrouver sur la grève des TICE : Sur un piquet de travailleurs du transport (5 janvier 2023)