L’AfD (Alternative pour l’Allemagne) est devenu le premier parti d’extrême droite à remporter un scrutin régional depuis la Seconde Guerre mondiale. La formation raciste et anti-migrants s’est largement imposée aux élections en Thuringe et talonne également les conservateurs en Saxe. Ces scores, vus comme « historiques » dans ces deux régions de l’est du pays, infligent un nouveau camouflet à la coalition d’Olaf Scholz composée des sociaux-démocrates, des Verts et des sociaux-libéraux. L’AfD surfe depuis des mois sur les sentiments anti-migrants, relancés de plus belle par le triple meurtre au couteau imputé à un réfugié syrien. Dans ces deux Länder, l’AfD obtient environ un tiers des suffrages auxquels il fait ajouter les 10 % obtenus par une nouvelle formation populiste, le BSW, qui a séduit par son discours virulent contre l’immigration mais aussi appelé à mettre un terme aux livraisons d’armes à l’Ukraine, une position populaire dans ces régions de l’ex-RDA (Allemagne de l’Est) où la peur de la guerre reste profondément ancrée. Jusqu’à présent la seule réponse de la gauche social-démocrate (créditée de 7 à 8 % des voix dans ces scrutins) à cette poussée de l’extrême droite a été de faire de la surenchère anti-migrants et de refuser de discuter de son appui inconditionnel à l’Ukraine. Une façon de laisser le champ libre aux pires ennemis de la classe ouvrière.