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Expérimentations RSA : un premier bilan trop beau pour être vrai

En préalable à l’inscription obligatoire, à partir du 1er janvier 2025, des allocataires du RSA à France Travail, le gouvernement avait mis en place des « expérimentations » dans 47 départements. Rappelons qu’un des objectifs de la récente « réforme » du RSA est de ne le verser qu’à condition que soient effectuées au minimum quinze heures de travail hebdomadaires.

Le premier bilan qu’en tire la direction de France Travail est positif puisque, selon elle, le taux de retour à l’emploi à six mois est de 42 %. C’est donc sur cette base que le gouvernement veut généraliser cette politique.

Arnaque grossière ! Le directeur de France Travail parle de taux de « retour » à l’emploi alors que les statistiques officielles distinguent taux « d’accès » (c’est-à-dire ceux ayant eu au moins un contrat quel qu’il soit, même si ce contrat n’est plus forcément en cours) et taux de « présence » six mois plus tard. Là, on n’est plus sur les mêmes chiffres : ce sont seulement 14,1 % des concernés qui ont eu accès à un emploi durable (CDD de six mois et plus ou CDI) et 10,5 % qui sont encore en poste. On est loin des 42 %… Pour la direction, le principal est de montrer que « ça marche » même en bidonnant les chiffres – dans une partie du département de l’Aisne par exemple le bilan est fait à six mois, alors que le dispositif n’est en place que depuis trois mois. Inévitablement, ce dispositif a permis aussi de remplacer des salariés fixes, qui se retrouvent… au chômage, par des allocataires du RSA. Dans un récent rapport, plusieurs associations demandent la « suspension » de ces expérimentations. Mais c’est bien le retrait de toute la loi « Plein emploi » qu’il faudrait !

Ce bilan déformé est aussi le résultat de l’orientation automatique des allocataires du RSA vers les différents parcours d’accompagnement. Or, 30 % des personnes orientées vers le parcours « emploi » – censés être les plus proches de l’emploi – déclarent présenter au moins deux « freins » à l’emploi (parmi des problèmes de santé, de logement, de garde d’enfant, etc.). Au niveau national, les derniers chiffres du ministère montrent une baisse de 9 % des sorties du RSA pour reprise d’emploi toutes catégories confondues.

Remettre au travail, quelles que soient les conditions, tous les chômeurs : c’était le but affiché de la création de France Travail ! Ces rodomontades, qui ne feront évidemment pas baisser le chômage d’un iota, servent à envoyer un message clair aux allocataires du RSA, et au-delà à l’ensemble des travailleurs : si vous n’acceptez pas les 15 à 20 heures d’activité obligatoire, c’en est fini du RSA (montant moyen, pour rappel : 536 euros…) ! Ce qui est sûr aussi, c’est que le chiffre annoncé d’une hausse de 0,8 % du chômage en un an cache mal une autre réalité : la part des inscriptions liées aux licenciements économiques augmente de 28 % dans l’année !

Conditionnalité du RSA, nouvelles économies sur les allocations chômage, plans de licenciements : c’est une réaction de l’ensemble du monde du travail qui serait nécessaire !

Correspondant