
Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur, a envoyé le 23 janvier une circulaire à tous les préfets pour durcir les conditions d’entrée et de séjour des étrangers en France. Prenant la place d’une circulaire de 2012 de Manuel Valls, elle va encore renforcer la chasse aux migrants et s’inscrit dans la continuité des politiques xénophobes menées par tous les gouvernements, dans le sillage de l’extrême droite. Retailleau se rêve sans doute en Trump à la française, ce dernier ayant, de l’autre côté de l’Atlantique, claironné son intention d’expulser des « millions » de migrants.
Exploiter ça rapporte, exploiter des « sans-papiers », beaucoup plus encore !
La circulaire Retailleau prévoit de rendre encore plus difficile l’obtention d’un titre de séjour pour tous les travailleurs migrants : le temps de résidence minimum en France passe ainsi de cinq à sept ans. Surtout, obtenir un titre de séjour après être arrivé ou être repéré en situation irrégulière va devenir quasi impossible. Dans les métiers dits « en tension », les patrons vont pouvoir trier à leur gré qui aura des papiers, mais aussi qui les perdra dès que « la tension » sera jugée moins forte.
Les attaques contre les migrants, prélude des attaques contre tous les travailleurs
Si Trump et Retailleau affichent des politiques similaires, ce n’est pas pour réellement expulser les immigrés « par millions ». Les économies des pays riches ne tourneraient pas sans main-d’œuvre immigrée, les grands patrons le savent très bien, les politiciens à leur service aussi. Des secteurs entiers reposent sur ces travailleurs, du bâtiment à la restauration, en passant par le nettoyage et l’aide à la personne. En revanche, les expulsions arbitraires et médiatisées visent à créer un climat de terreur parmi les travailleurs immigrés et leur famille : mercredi dernier, la police a fait irruption dans un collège de la banlieue de Metz pour arracher une collégienne à ses cours et l’expulser avec ses parents en Belgique sans qu’elle puisse seulement repasser chez elle !
Au-delà de s’aligner sur les discours de l’extrême droite, cette politique vise à diviser la classe ouvrière. Ceux que Trump, Retailleau et tous les autres attaquent aujourd’hui sont les travailleurs les plus précaires. Demain, ils s’en prendront à une autre catégorie de travailleurs, après-demain à une autre encore. Trump a déjà commencé en montrant du doigt les fonctionnaires américains et en attaquant leurs conditions de travail. S’en prendre aux travailleurs migrants aujourd’hui, c’est s’en prendre à tous les travailleurs. Ce n’est pas l’immigration qui fait baisser les salaires ni n’augmente le chômage : qu’on sache, ce sont les patrons qui fixent les salaires et licencient !
Régularisation de tous les sans-papiers ! Libre circulation de tous les travailleurs !
Celles et ceux qui quittent leur pays n’abandonnent pas leur famille et ce qui était leur vie de gaîté de cœur, mais pour fuir des guerres – qui se mènent souvent à l’instigation des pays riches avides de matières premières –, pour fuir les conséquences catastrophiques du réchauffement climatique, pour fuir la misère toujours. Ce n’est pas une circulaire qui les fera rester dans l’enfer qu’ils et elles veulent quitter.
Contre le gouvernement international des milliardaires, travailleurs de tous les pays, unissons-nous !
Le parterre de milliardaires et de dirigeants de grandes entreprises venus se montrer lors de l’investiture de Trump est une preuve, s’il en fallait une, que l’union de la bourgeoisie contre la classe ouvrière n’a pas de frontière. D’Elon Musk à Bernard Arnault, première fortune française, tous sont venus s’incliner devant leur nouveau parrain… C’est cette bande de mafieux d’ultra-riches, pas gênés de voir l’un d’entre eux faire le salut fasciste, qui sont les seuls parasites sur cette terre.
Éditorial du NPA-Révolutionnaires du 27 janvier 2025