
Lundi 22 septembre à travers toute l’Italie, ce sont des dizaines de milliers de manifestants et de grévistes dans les plus grandes villes du pays qui ont tenu à dénoncer le génocide en Palestine. Des manifestations ont eu lieu dans 80 villes, rassemblant sans doute près d’un million de personnes, dont 300 000 à Rome. Une grève générale politique, qui a eu lieu dans de nombreux secteurs, les écoles, la logistique, les transports publics. Même les taxis et les employés du Vatican étaient en grève ! Les ports étaient bloqués et de nombreux commerces fermés en signe de soutien. Nouvelle grève le 2 octobre, avec cette fois près de deux millions de manifestants et de grévistes, à la fois en soutien à la flottille, contre le génocide et contre l’augmentation des budgets militaires.
Les discours à l’ONU et toutes les protestations verbales ont montré leur inutilité, surtout quand elles sont le fait des principaux dirigeants de ce monde impérialiste. En revanche, la mobilisation des travailleurs, des travailleuses, de leurs familles et de la jeunesse peut « tout bloquer » aussi en ce qui concerne les massacres en Palestine !
Des manifestations massives, avec des centaines de milliers de manifestants ont eu lieu depuis le 7 octobre 2023 dans plusieurs pays, et encore récemment non seulement en Italie mais aussi en Australie, aux Pays-Bas et en Allemagne.
Pourquoi les manifestations ne se sont pour l’instant pas approchées de tels seuils en France ? Pourquoi aucun appel à la grève n’a-t-il été lancé ?
Il est vrai que l’État français s’est comporté et continue à se comporter de manière particulièrement répressive. La France est l’un des seuls pays, avec l’Allemagne, où les manifestations de solidarité avec la Palestine ont été initialement interdites. Il est aussi vrai que l’islamophobie ambiante y est renforcée par le passif colonial et l’héritage de la guerre d’Algérie, et que le chantage à l’antisémitisme à laquelle toute forme de solidarité est assimilée pèse particulièrement lourd.
Cependant, ces obstacles sont insuffisants pour expliquer à eux seuls le « plafond de verre » auquel le mouvement de soutien à la Palestine s’est heurté jusqu’à maintenant. Un autre facteur est à chercher du côté des organisations qui ont le plus d’implantation dans la classe ouvrière, plus précisément le PCF et la CGT. Les directions de ces organisations, qui affichaient avant 2023 leur soutien à la Palestine, se sont mises en retrait des mobilisations, ce qui revenait à cautionner la complicité de Macron avec le génocide. Les organisations révolutionnaires et d’autres forces comme EuroPalestine ont parfois été en mesure de prendre des initiatives, comme quand nous avons manifesté en octobre et novembre 2023 malgré l’interdiction préfectorale. En nous appuyant sur l’exemple réussi des appels à la grève massifs en Italie, il est possible de convaincre des travailleurs, syndiqués ou non, et ainsi d’entraîner d’autres organisations à soulever la question d’une grève pour une paix juste et durable en Palestine. Et pourquoi pas de coordonner ces actions à l’échelle internationale.
14 octobre 2025, Ed McBain