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Les jeunes mineurs isolés de Rouen ne retourneront pas à la rue !

Après deux mois de campement devant la préfecture de Rouen au printemps et d’une lutte acharnée aux côtés de nombreux soutiens, les jeunes du collectif des MNA de Rouen avaient arraché un répit à leur vie de galère avec un hébergement mis à disposition pour trois mois sur la commune de Rouen. Le 30 septembre, la convention de mise à disposition des lieux, signée entre trois syndicats départementaux (FSU, CGT Éduc’action, Solidaires) et la municipalité PS-PC-EELV de Rouen arrivait à échéance. Mais, convention terminée ou pas, « honte à ceux qui prendraient la responsabilité de remettre ces jeunes à la rue » ! C’est ce qu’ont déclaré à la presse les trois organisations syndicales le 29 septembre, faute d’avoir eu la moindre réponse à leurs sollicitations auprès de la préfecture de Seine-Maritime et de la mairie durant tout le mois de septembre.

Le refus de reconnaissance du statut de mineur à ces jeunes ne repose sur aucune base objective, uniquement sur la présomption de non validité des documents fournis par leur pays d’origine (pays d’Afrique de l’Ouest en majorité). Ce refus est très souvent rejeté par une décision judiciaire ultérieure comme en témoignent les reconnaissances de minorité validées par la justice depuis le mois de mai pour une dizaine d’entre eux, dont un jeune qui n’a jamais été reconnu mineur en Seine-Maritime et qui l’a été immédiatement dans un autre département. Concrètement, cela signifie donc que l’aide sociale à l’enfance dans le 76 s’arroge le droit de contester, sans aucune justification, la validité des documents d’état civil de ces jeunes, ce qui les prive de la totalité de leurs droits, jusqu’à ce que la justice, des mois plus tard, finisse par leur donner raison contre le département, après de longues et coûteuses procédures. Un exemple : cet été, un mineur du collectif rouennais qui essayait de faire valoir ses droits depuis un an a finalement gagné en appel contre le département de Seine-Maritime. Il a alors été pris en charge par l’ASE pendant… deux semaines puisque le jour de ses 18 ans, il lui a été signifié par SMS qu’il était mis fin à sa prise en charge et qu’il devait immédiatement quitter son foyer. Quant à l’académie de Normandie, elle s’aligne derrière l’ASE et refuse de scolariser les jeunes tant qu’ils ne sont pas reconnus mineurs par celle-ci, en dépit de toutes les conventions internationales signées par la France qui indiquent que le droit à l’école est supérieur à toute autre considération administrative. « La honte à la rectrice » est devenu le slogan le plus repris par les jeunes lors des nombreux rassemblements de colère devant le rectorat de Rouen !

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