Au moins 37 personnes ont perdu la vie dans la Manche cette année en tentant de rejoindre les côtes britanniques. Un tragique record qui s’explique selon les associations de défense des migrants par la pression des patrouilles de police. « Comme il y a davantage de surveillance sur les plages aujourd’hui, les départs sont moins fréquents, mais les bateaux sont surchargés pour maximiser les chances d’arrivée. On voit des bateaux partir avec jusqu’à 100 personnes à bord, c’est extrêmement dangereux », souligne la rédactrice en chef d’Infomigrants, Amara Makhoul, alors même que les passeurs embarquaient de 30 à 40 passagers il y a quelques années. Les embarcations, elles, restent très précaires et inadaptées pour supporter autant de personnes. De plus, en partant de toujours plus loin, de Boulogne-sur-Mer et parfois de la baie de Somme, ils multiplient ainsi les risques pour les migrants de se trouver en difficulté en pleine mer, avec des trajets beaucoup plus longs, jusqu’à 130 kilomètres pour atteindre des côtes britanniques qui ne sont distantes, à Calais, que de 30 kilomètres. Et si les passeurs sont des vautours et des assassins qui exploitent la misère des migrants, ils se voient mâcher le travail par les policiers français et britanniques. C’est pourquoi l’association Utopia 56, acteur clé de l’aide aux migrants à Calais, a dénoncé une politique de répression policière sur le littoral français « qui conduit à des incidents et à des drames […] à répétition ».