Nos vies valent plus que leurs profits

Palestine

La Ligue des droits de l’homme a déposé une plainte devant le tribunal de Paris contre les plateformes de location Airbnb et Booking pour « complicité de recel aggravé de crimes de guerre ». La Ligue accuse les plateformes d’entretenir un « tourisme » d’occupation avec des annonces de logements dans les colonies israéliennes implantées dans les territoires palestiniens, au mépris du droit international qui considère ces colonies comme illégales. « Ces multinationales, en offrant leurs services et leurs prestations, permettent et facilitent, tant directement qu’indirectement, la création […] et l’extension des colonies israéliennes » et « en tirent des profits colossaux », souligne la plainte. Déjà le 30 juin dernier, la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des droits humains dans les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese, avait dénoncé le comportement des principales plateformes de voyage qui vendent un tourisme qui « légitime l’annexion ». De son coté le quotidien britannique The Guardian a identifié 402 annonces (appartements, maisons, hôtels) dans les colonies illégales en Cisjordanie et à Jérusalem-Est : 350 sur Airbnb et 52 sur Booking. Avec un total de 760 chambres permettant d’héberger plus de 2 000 personnes et suscitant un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros par an. Là encore l’argent n’a pas d’odeur.

Alors que Donald Trump se congratulait à la tribune de la Knesset, le Parlement israélien, deux députés, Ayman Odeh et Ofer Cassif, ont brandi des pancartes soutenant la Palestine. Les deux parlementaires, qui appartiennent à un groupe arabo-juif, le Haddash, proche du Parti communiste israélien, ont été expulsés manu militari de l’hémicycle. Et Cassif d’expliquer plus tard sur X : « Nous ne sommes pas venus pour intervenir, mais pour exiger justice. Une véritable paix qui sauvera les deux peuples du pays de la destruction ne viendra qu’avec la fin de l’occupation et de l’apartheid… » Une vérité évidente, sauf pour Trump, Netanyahou et leurs supporters.

Des bateaux d’une nouvelle flottille internationale humanitaire ont été interceptés par la marine de guerre israélienne dans les eaux internationales, à quelque 220 kilomètres des côtes de Gaza. Un troisième acte de piratage en quelques mois dans l’indifférence des gouvernements occidentaux, en fait complices depuis le début du massacre des Gazaouis. Dans le même temps des participants suisses de la flottille précédente, de retour dans la Confédération helvétique, ont dénoncé des traitements inhumains et des abus lors de leur détention à la prison de Ktzi’ot, dans le désert du Néguev. Ils affirment avoir été victimes de « tortures et d’exactions » et ont également mentionné des problèmes d’hygiène, d’accès à la nourriture et à l’eau potable. De son côté l’organisation Waves of Freedom (Vagues de la liberté) a réitéré ses accusations contre le gouvernement israélien, dénonçant des détentions « illégales » et des traitements « cruels, inhumains et dégradants ». Venant de la clique Netanyahou cela ne peut étonner…

Le journaliste du Monde Luc Bronner a pu entrer dans Gaza-ville, lors d’un déplacement organisé et encadré par l’armée israélienne. Trois heures dans l’horreur d’une « ville anéantie et vidée de sa population ». Il témoigne : « Les destructions paraissent irréelles tant elles sont absolues et systématiques. » Ce qu’il a vu corrobore les estimations de l’ONU : plus des trois-quart des immeubles et des routes sont détruits ou endommagés, 88 % des commerces et des entreprises. 97 % des cultures arboricoles ont été perdues depuis 2023. Les troupeaux d’animaux sont décimés. « Ce qui ne se voit pas dit la disparition de la population palestinienne déplacée de force, sous le feu de l’armée. » Depuis le début de la guerre, plus de 66 000 Palestiniens ont été tués, 170 000 blessés dont beaucoup d’enfants. 800 000 personnes ont dû quitter Gaza-ville pour se réfugier dans des zones insalubres et surpeuplées au sud de l’enclave. Le gouvernement israélien empêche l’aide humanitaire et provoque une famine généralisée. Gaza est désormais invivable. Ce que commet le gouvernement israélien, c’est l’anéantissement d’une ville et la destruction d’un peuple. Mobilisons-nous pour stopper ce génocide !

L’arraisonnement par la marine israélienne de la seconde flottille humanitaire et l’emprisonnement des 400 militants pro-palestiniens qui se trouvaient à bord ne découragent par le Comité international pour la rupture du blocus de Gaza. Il vient d’annoncer que deux navires supplémentaires, le Ghassan Kanafani et l’Al-Awda, ont rejoint neuf autres bateaux de la nouvelle flottille. Ce qui porte à onze le nombre de navires, avec à leurs bords 170 personnes. Après avoir dépassé la Crête les bateaux se trouvent au large des côtes égyptiennes. Et les humanitaires ont bien l’intention d’aller jusqu’au bout malgré les menaces des autorités israéliennes.