Nos vies valent plus que leurs profits

Palestine

À partir d’aujourd’hui, les autorités israéliennes ont interdit la présence et l’activité de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) à Jérusalem-Est. Le rôle de l’agence, active depuis 1949, est essentiel pour fournir à la population palestinienne une assistance dans de nombreux domaines comme les soins médicaux, l’éducation, la formation, l’alimentation, etc. Depuis le début de la guerre de Gaza, l’armée israélienne a bombardé systématiquement les écoles, les dispensaires et les hôpitaux de l’Unrwa, assassinant nombre de ses collaborateurs. Officiellement Israël justifie sa décision par le fait que l’agence serait « infiltrée » par le Hamas. Ce qu’elle n’a jamais démontré malgré les requêtes répétées de l’ONU, pour finalement mettre en cause 9 des 13 000 salariés l’Unrwa. Plus prosaïquement, il s’agit de tenter de rendre plus intenable la vie quotidienne des Palestiniens dans le cadre de la politique sioniste d’apartheid. À noter que cette décision ignoble a reçu, sans surprise, le soutien de Donald Trump.

L’armée israélienne a lancé une nouvelle opération, dénommée « Mur de fer », contre la ville de Jénine et le camp de réfugiés adjacent. Selon un premier bilan, neuf Palestiniens ont été tués et 38 autres blessés. La semaine dernière, une frappe aérienne avait tué trois personnes dans le camp de réfugiés, en blessant des dizaines d’autres. Jénine est devenu un haut lieu de la résistance à l’occupation israélienne et l’Autorité palestinienne, qui collabore étroitement avec Israël, tente d’en reprendre le contrôle, jusqu’ici sans succès. Enfin, dans une opération séparée, soixante personnes ont été arrêtées dans la ville d’Azzun. Au train où vont les choses, à la fin de la trêve de Gaza, Israël aura arrêté plus de Palestiniens qu’elle n’en aura libérés.

Pour se « venger » de la libération de prisonniers palestiniens, suite à l’accord de cessez-le-feu à Gaza, des colons ont pris pour cibles une demi-douzaine de villages à coup de pierres et de cocktails Molotov. Une vidéo, dans laquelle on les voit attaquer la localité de Turmusaya, a été largement reprise sur les réseaux sociaux. Et, comme d’habitude, l’armée israélienne a laissé faire. L’an dernier on a recensé 1 400 attaques par des colons israéliens sur des Palestiniens en Cisjordanie ou à Jérusalem-Est. Un chiffre record. Et si l’accord de trêve prévoit, durant une première phase de 42 jours, la libération de 33 otages israéliens contre environ 1 900 Palestiniens détenus par Israël, il faut rappeler qu’actuellement ils sont plus de 10 000 à croupir dans les prisons sionistes.

Selon l’agence américaine Associated Press, 200 soldats israéliens ont signé une lettre ouverte dans laquelle ils reconnaissent avoir été témoins de crimes de guerre et déclarent qu’ils refuseront désormais de servir à Gaza s’il n’y a pas un cessez-le-feu. Regroupés dans une structure appelée « Soldiers for the hostages » (Soldats pour les otages) ces militaires donnent des exemples de civils palestiniens abattus sans sommations, de maisons brûlées ou démolies alors qu’elles ne présentaient aucune menace, de résidences pillées et vandalisées. Ils appellent les autres soldats à les rejoindre. Un exemple symptomatique du malaise qui touche pour l’instant une partie certes minoritaire du contingent israélien mais qui pourrait s’étendre dans les semaines qui viennent. La voie à suivre…

Selon une enquête du journaliste David Cronin, parue sur le site anglophone Electronic Intifada, la Banque européenne d’investissements (BEI), une institution officielle de l’Union européenne, a accordé des prêts totalisant près de 800 millions d’euros à l’État sioniste depuis le début de la guerre de Gaza en octobre 2023. Basée au Luxembourg, la BEI collabore étroitement avec la banque israélienne Leumi qui soutient depuis longtemps la construction et l’expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est. En violant une bonne douzaine de résolutions de l’ONU sur lesquelles l’Union européenne s’assied sans état d’âme.