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Palestine

Des dizaines d’interpellations ont eu lieu dans la capitale des Pays-Bas à la suite de nombreux affrontements qui ont opposé des supporters israéliens du club de foot Maccabi Tel-Aviv à de jeunes Néerlandais à l’occasion de son match l’opposant à l’Ajax d’Amsterdam en Ligue Europa. Aussitôt le Premier ministre néerlandais, Dick Schoof, – suivi de Netanyahou et en France de Retailleau – a dénoncé « des attaques antisémites contre des Israéliens tout à fait inacceptables ». Mais, dans cette affaire, on est bien loin d’actes antisémites, qu’il faudrait effectivement dénoncer. Certains supporters israéliens (ils étaient 3 000 à avoir fait le voyage selon le quotidien israélien Haaretz) sont loin d’être blancs comme neige. La veille du match, la police locale avait rapporté plusieurs incidents, dont un drapeau palestinien arraché d’une façade, puis brûlé par un groupe entonnant des chants et des insultes à l’égard de la cause palestinienne. Des images circulant sur les réseaux sociaux montrent des dizaines de fans du club chantant en hébreu « Finir les Arabes ! On va gagner ! » ou encore « Laissons Tsahal gagner pour finir les Arabes ». Dans l’après-midi, une centaine de supporters israéliens s’étaient rassemblés sur la place du Dam – entourés d’un grand dispositif policier – avant de se rendre au stade Johan Cruyff. Un cortège qui lançait des slogans injurieux envers les populations arabes et moquait la situation humanitaire à Gaza. Cerise sur le gâteau, les supporters israéliens se sont aussi fait remarquer avant la rencontre, refusant de respecter une minute de silence organisée en hommage aux victimes des inondations en Espagne, multipliant à la place, sifflets, utilisation d’engins pyrotechniques et chants. Alors, il faut un certain culot pour présenter ces voyous comme d’innocentes victimes d’odieux actes antisémites.

Le tribunal administratif de Paris a rejeté la requête présentée par l’association Coordination des appels pour une paix juste au Proche-Orient (Capjpo-Europalestine), qui lui demandait d’interdire le « Gala » annoncé par l’association Israel is For Ever (Israël pour toujours) qui doit se tenir le 13 novembre et est destiné à collecter des fonds au profit de l’armée israélienne. Parmi les intervenants prévus, se trouvent Nili Naouri-Kupfer, un Nili Naouri-Kupfer, une avocate franco-israélienne qui organise le blocage de l’entrée des camions d’aide humanitaire dans la bande de Gaza, et Bezalel Smotrich, suprématiste fascisant et ministre israélien des Finances, qui nie l’existence du peuple palestinien et estime que « laisser mourir de faim deux millions de Gazaouis peut être quelque chose de moral ». Le tribunal s’appuie sur l’opinion de la préfecture de police de Paris qui affirme « ne pas avoir d’éléments » sur cette réunion. En fait, alors que les préfets et la justice interdisent à tour de bras les meetings de soutien à la Palestine, les qualifiant parfois d’« antisémites », ils laissent les mains libres à l’extrême droite israélienne colonialiste et à ses appuis locaux.

Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a dénoncé la banderole déployée par les supporters du PSG à l’occasion du match de Ligue des champions du PSG contre l’Atlético Madrid, au Parc des Princes. Une large bâche dans les tribunes affichait le slogan « Free Palestine » (« Libérez la Palestine »), accompagné d’une banderole : « la guerre sur le terrain, mais la paix dans le monde ». Le président du très sioniste Conseil représentatif des institutions juives de France, Yonathan Arfi, a immédiatement réclamé des sanctions. Bruno Retailleau a saisi la balle au bond en demandant au PSG de s’expliquer et en convoquant place Beauvau, siège du ministère, le président de la Fédération française de football, Philippe Diallo, et le directeur général du PSG, Victoriano Melero. Mais les partisans de la cause palestinienne ont reçu un appui inattendu : celui de l’Union des associations européennes de football (UEFA) qui a indiqué qu’elle n’engagerait aucune procédure contre le PSG après cet incident. Son porte-parole a tenu à préciser : « Il n’y aura pas de mesure disciplinaire puisque la banderole déployée ne peut pas être considérée comme provocatrice ou insultante dans ce cas précis. » Dont acte.

Benyamin Netanyahou a décidé de limoger le ministre de la Défense, Yoav Gallant, et de le remplacer par un de ses fidèles, Israël Katz. Cependant, cette annonce n’est pas vraiment une surprise. Cela fait des mois que des divergences sur la façon de mener la guerre à Gaza avaient fait surface. S’ils sont aussi bellicistes l’un que l’autre, Gallant, militaire de formation, a dit et répété que la question de Gaza ne pourrait se régler uniquement par la force et qu’il faudrait trouver une solution politique. Une idée dont ne veut pas entendre parler Netanyahou dont les partisans prônent une annexion pure et simple du territoire gazaoui à Israël. Mais la position de Gallant était plus en phase avec celle de Washington. D’où la possibilité de le voir devenir, aux yeux de l’impérialisme américain, une carte de rechange à Netanyahou. En le limogeant, le Premier ministre israélien se positionne comme incontournable dans tout règlement. Pour combien de temps ?

L’Institut d’études politiques a annoncé suspendre son partenariat avec l’université Reichman de Herzlya, près de Tel-Aviv, regrettant ses positions « profondément bellicistes et dénuées de toute perspective humaniste » au regard de « la guerre en cours à Gaza ». Aussitôt, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a regretté une « décision affligeante, qui me désole profondément ». Il a été rejoint par Patrick Hetzel, le ministre (LR) de l’Enseignement supérieur qui a déploré « cette décision adoptée à des fins de prise de position politique par le conseil d’administration ». L’un et l’autre sont mal placés pour donner des leçons dans ce domaine, eux qui sont membres d’un gouvernement qui s’est contenté, depuis le début de la guerre de Gaza, de protestations platoniques sans jamais rien entreprendre de concret contre le génocidaire Netanyahou et ses amis. C’est ça qui est vraiment déplorable et affligeant !

Présenté par le quotidien israélien Haaretz comme « le journaliste de télévision le plus connu » du pays, Danny Kushmaro, présentateur de Channel 12, la principale chaine d’information locale, a été filmé dans un reportage de 26 minutes alors que, détonateur en main, il fait sauter une maison dans le village libanais d’Anita al-Shaab. Le reportage se termine par un regard satisfait du journaliste qui, le doigt levé, prévient : « Ne vous frottez pas aux Juifs. » Un tel cynisme, un tel mépris et un tel manque d’empathie à l’égard de la population libanaise donnent la nausée. Mais il s’agit là d’un exemple supplémentaire du climat de racisme, de xénophobie et de haine qui règne désormais au sein de l’État sioniste et qui n’épargne personne. La séquence a révolté le reporter de guerre Cyril Payen, de France 24, qui a déclaré : « C’est une honte. […] Il n’y a plus d’éthique, plus de garde-fous. » On ne lui fait pas dire.

Des organisations palestiniennes de défense des droits des prisonniers accusent l’administration pénitentiaire israélienne d’avoir agressé brutalement à deux reprises le mois dernier, Marwan Barghouthi, le plus connu des leaders palestiniens emprisonnés, alors qu’il se trouvait au secret dans la prison de Megiddo, dans le nord d’Israël. La Commission palestinienne des affaires des prisonniers, le Club des prisonniers et son groupe de soutien ont obtenu ces informations de son avocat qui a pu le rencontrer ces jours derniers pour la première fois en trois mois. Selon ce dernier, l’agression a « provoqué de nombreuses blessures, au niveau des côtes […] ainsi qu’un saignement de l’oreille droite et une plaie sur son bras droit, accompagnés de douleurs sévères dans le dos ». Bien entendu l’Autorité pénitentiaire israélienne a estimé « qu’il n’y avait pas eu violation de la loi ». Barghouthi a été arrêté en 2002 puis condamné en 2004 à cinq peines de prison à perpétuité pour son rôle dans la seconde Intifada, le soulèvement palestinien qui s’est produit entre 2000-2005. C’est régulièrement que les ONG font état de mauvais traitements infligés aux détenus palestiniens. Plus de 9 000 d’entre eux sont détenus dans des prisons israéliennes, dont 5 000 ont été arrêtés après le 7 octobre 2023, début de la guerre de Gaza.

À la conférence internationale de soutien au Liban, qui a lieu à Paris, Macron a annoncé l’octroi d’aides financières au pays touché par des attaques israéliennes d’un montant de 800 millions de dollars et 200 millions supplémentaires pour les forces armées. Il a profité de l’occasion pour exiger « que le Hezbollah cesse ses […] frappes indiscriminées contre Israël ». Par contre il n’a rien exigé du tout de l’État sioniste, responsable de milliers de morts et d’un million de personnes déplacées au pays du Cèdre, se contentant de « regretter qu’Israël continue des opérations militaires ». Quant aux attaques contre la force de l’ONU (Finul), il a redit que « rien ne justifie que les Casques bleus fassent l’objet de quelque attaque que ce soit », sans citer les attaquants, les forces armées israéliennes. On a connu condamnation plus ferme. Une façon de laisser les mains libres à Netanyahou pour continuer ses massacres et ses destructions.