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Oppressions, exploitation : quelle lutte pour l’émancipation ?

Le mois de juin est l’occasion pour des millions de personnes dans le monde de défiler et d’affirmer, au-delà de leur fierté d’être lesbiennes, gay, bi, trans, ou intersexes (LGBTI), la nécessité de continuer à lutter contre les oppressions qu’elles subissent. Nécessité qui se fait plus grande face à une extrême droite et à ses imitateurs qui gagnent du terrain et font de la rhétorique et des démonstrations anti-LGBTI un axe central de leur politique. Cette vague réactionnaire n’est pas un accident, mais le produit d’un capitalisme en crise, qui s’appuie sur tous les vieux préjugés et toutes les divisions pour faire diversion. Dans ce contexte, notre devoir de révolutionnaires est de montrer comment l’exploitation capitaliste entretient l’oppression et comment la lutte menée par les travailleurs exploités doit être celle pour l’émancipation générale de l’humanité, ce qui implique d’investir toutes les mobilisations contre les oppressions avec une approche de classe.

L’origine de la famille et des oppressions, la propriété privée

Si elles n’ont pas toujours existé, les oppressions, le sexisme, les LGBTI-phobies, ne sont pas nées du capitalisme. La division sexuelle du travail et même la domination des hommes sur les femmes précèdent l’apparition de l’exploitation de l’homme par l’homme, mais c’est bien dans ces sociétés d’exploitation qu’elles ont pris une nouvelle ampleur et qu’elles ont pu se maintenir
jusqu’à aujourd’hui. Au fondement des inégalités, il y a la propriété privée de moyens de production, même sommaire. Et dans toutes les sociétés connues, avec cette propriété privée est venue la nécessité de la transmettre, le besoin d’avoir des héritiers. Il fallait alors aux hommes s’assurer un contrôle accru sur le ventre des femmes. De là est venu le développement de la division sexuelle du travail et le renforcement de tous les attributs, tâches, vêtements, comportements, etc., associés soit aux hommes soit aux femmes, c’est-à-dire le genre. Il est alors devenu nécessaire pour les classes dominantes d’opprimer toute déviation face à un ordre présenté comme naturel, pour justifier le fonctionnement de la société de classe. C’est le fondement de la famille, comme modèle et comme base économique de la division en classes, dans laquelle les femmes sont maintenues sous domination des hommes.

Le capitalisme, une machine à opprimer

Le capitalisme n’a peut-être pas créé les oppressions, mais il les a reprises à son compte. Si la bourgeoisie a pris le pouvoir, ivre de promesses de liberté et de progrès qui renverraient loin des obscurantismes du passé, elle s’est vite appuyée sur ces legs pour asseoir sa domination. Bien sûr, le patriarcat et les LGBTI-phobies sont des outils de division de la classe ouvrière. Mais pas seulement. À travers eux, la bourgeoisie cherche également à maintenir son ordre : la famille doit être conservée pour que subsiste l’héritage, c’est-à-dire le capital et sa transmission.
Cette organisation de la société n’a donc rien de naturel ou d’immuable. C’est bien pour cela que les réactionnaires répriment tout ce qui s’oppose à l’ordre familial, en premier lieu les femmes et les LGBTI. C’est bien pour cela que la bourgeoisie a développé la distinction homo/hétéro, médicalisé et criminalisé l’homosexualité et la transsexualité.

Pourtant, le capitalisme, en mettant tout le monde à l’usine, a distendu les liens familiaux. En faisant des femmes des prolétaires, il a ouvert une voie pour leur émancipation. En somme, il a posé les premiers jalons d’une société où la structure familiale n’est plus à la base de toute notre vie. Un processus qu’il combat pourtant, car fondamentalement opposé à ses intérêts.

Notre fierté, c’est de lutter

En finir avec la famille ne peut donc pas être la tâche de la bourgeoisie, c’est aux travailleurs et aux travailleuses qu’incombe ce rôle historique, n’ayant aucun intérêt à conserver une structure de transmission d’héritage, dont ils et elles sont privés, et d’oppression des femmes. Le prolétariat peut construire les structures pour remplacer la famille, comme la collectivisation des tâches ménagères, de l’éducation des enfants. Ce n’est qu’ainsi qu’il pourra mettre un terme au patriarcat et aux LGBTI-phobies.

Dès maintenant, prenons notre place dans les luttes LGBTI, même pour des revendications limitées, mais pour y proposer nos méthodes de luttes collectives et y faire entendre une voix ouvrière et révolutionnaire. Car ce ne sera que quand la classe ouvrière prendra la direction des luttes LGBTI qu’elles pourront être vraiment victorieuses. Et auprès de nos collègues, luttons pour combattre les idées réactionnaires, défendre que toutes ces luttes sont aussi les leurs. Faisons leur aussi confiance, notre unité et la nécessité de nous battre pour les intérêts de tous et toutes sonnent comme des évidences pour beaucoup chaque fois que nos luttes nous unissent contre notre patron, contre tout le patronat.

20 juin 2023, Marinette Wren

 

 

(Article paru dans Révolutionnaires numéro 3, été 2023)