Nos vies valent plus que leurs profits
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Urgences du CHU de Bordeaux, une crise sans précédent

Moins d’un an après la décision de fermer l’accès aux urgences de l’hôpital Pellegrin la nuit, c’est une nouvelle étape dramatique qui est en train d’être franchie.

Devant une dégradation qui semble ne plus devoir s’arrêter, conséquence mais aussi cause du manque de 30 % de médecins urgentistes, la direction a rencontré les équipes des urgences du CHU et les syndicats. Sa seule « solution », ubuesque, est d’envisager la fermeture « temporaire » d’un des deux services d’urgence, celui de l’hôpital Pellegrin ou de l’hôpital Saint-André.

La presse s’en étant fait l’écho, la direction a « démenti ». Sauf que tout indique qu’on se dirige bel et bien vers, au minimum, une réduction drastique de l’activité des urgences de Saint-André et un possible regroupement sur Pellegrin.

Des décennies de mobilisations

À en croire directions hospitalières et ministres, ils n’ont rien vu venir ! Mais cela fait des décennies que les hospitaliers alertent, font grève et manifestent contre la destruction de l’hôpital et du système de santé soumis à la logique de la rentabilité et du profit.

Juste avant le Covid, tous les services d’urgence étaient dans la rue pour dénoncer la débâcle annoncée. Plus de 1000 médecins chefs de service avaient envoyé leur démission administrative, des collectifs « inter-urgences » et « inter-hôpitaux » organisaient rassemblements et manifestations avec, en face, un mélange de répression et de boniments… Et l’après Covid est pire encore que l’avant !

Sur Bordeaux, alors que la métropole approche le million d’habitants, le système de santé s’effondre. Les ambulances font la queue devant les différents services d’urgence du département. Des patients sont agglutinés, brancard contre brancard, et attendent des heures avant de voir un médecin. Dans les cliniques, des urgences ferment brutalement plusieurs nuits par semaine, voire des week-ends entiers.

Le service de régulation du 15, lui, est incapable de faire face aux appels qui explosent, jusqu’à 3000 appels par jour et plusieurs dizaines de minutes parfois avant que quelqu’un décroche. Des urgences vitales ne peuvent être prises en charge à temps. Un cercle infernal qui fait craquer personnel et médecins !

Imposer la vie contre les profits !

Nous n’avons pas le choix : face à l’incurie et au mépris des dirigeants, nos luttes et notre solidarité doivent changer la donne et imposer que les milliards qui ruissellent sur les riches servent à la santé et à la vie !

Il serait illusoire de penser que la situation pourrait s’améliorer sans que nous tous, personnel hospitalier de toutes professions, paramédicaux, médicaux, ouvriers ou administratifs, ne prenions nous-mêmes les choses en main pour imposer une tout autre organisation de l’hôpital et des embauches massives, et pour cela des salaires et des conditions de travail qui respectent chacune et chacun.

Isabelle Ufferte