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Ça s’en va… mais ça revient bien vite !

Lundi 29 et mardi 30 avril, les chefs d’établissement de plusieurs académies ont découvert par un mail que leur accès au logiciel permettant d’enregistrer les heures supplémentaires effectuées par les profs de leur collège ou lycée allait être suspendu. En coupant ainsi le robinet du paiement des heures supplémentaires, les rectorats ne faisaient que suivre les directives de la ministre de l’Éducation nationale, Nicole Belloubet. Elle veut rendre 683 millions d’euros, sa participation à un effort plus global de 10 milliards d’euros d’économies qui sabre dans toutes les dépenses publiques utiles à la population – mais épargne la police et l’armée, un vrai choix de société.

Mais qui dit « pas de sous », dit « pas de travail ». Car depuis « Devoirs faits », ces dispositifs qui permettent aux élèves en difficulté de faire leur travail personnel au collège, jusqu’à des heures de cours pour lesquelles les rectorats ne se donnent plus la peine (ou n’arrivent vraiment plus, des fois on ne sait plus trop…) d’affecter des enseignants titulaires ou même contractuels, de plus en plus de tâches sont effectuées en heures supplémentaires. Voire carrément au bénévolat. Ici ou là, le saupoudrage de quelques malheureuses heures supplémentaires permet aux chefs d’établissement de gratifier un collègue « investi » ou de ménager la colère d’un autre plus remonté que la moyenne contre l’accroissement de la charge de travail. Pas étonnant que le syndicat des chefs le SNPDEN-Unsa soit immédiatement monté au créneau pour défendre ce petit pouvoir de sa base.

Il a suffi de deux jours à Belloubet pour comprendre qu’elle était elle-même en train de provoquer un bazar d’un coût bien supérieur aux heures supplémentaires1 au prix desquelles la machine tourne. Le 1er mai, elle est revenue en arrière sur toute la ligne, non seulement pour les deux derniers mois de l’année scolaire, mais pour toute l’année 2024. Ce rétropédalage dit plusieurs choses.

D’abord, que le véhicule gouvernemental a une marche arrière. Mais aussi que son but reste quand même de nous emmener dans le mur – en particulier en augmentant la charge de travail sans contreparties, et les collègues qui refusent toute heure supplémentaire, tout travail bénévole, ont d’autant plus raison de donner de la voix ! –, même s’il doit attendre janvier 2025 pour ça.

Ensuite, qu’en se mettant très nombreux vraiment en pétard, ce n’est pas pour mieux sauter que nous le ferons reculer, mais pour battre définitivement en retraite sur sa politique de casse de l’école publique pour les enfants de tous milieux sociaux ! Et enfin que cela passe aussi par la transformation du volume croissant d’heures supplémentaires en « heures poste », c’est-à-dire en recrutement de nouveau personnel (profs, mais aussi AED, AESH pour accompagner les élèves handicapés, etc.), avec des salaires relevés de 400 euros, pas inférieurs à 2 000 euros mensuels, comme pour toutes et tous les autres travailleurs et travailleuses de ce pays.

Correspondant

 

 

1  Détail piquant : ces « heures supplémentaires effectives » ne sont non seulement pas majorées, mais encore coûtent moins cher que les heures normales, dites « heures poste ». Il faut vraiment que le ministère ait faim pour essayer de les croquer…