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États-Unis : un débat incroyable et une crise pour le Parti démocrate

 

 

Article de nos camarades de Speak Out Now, du 2 juillet 2024

 

 

Le 27 juin, le monde entier a assisté au premier débat de ce cycle électoral entre les deux candidats des partis républicain et démocrate. Donald Trump, le candidat républicain, a affronté Joe Biden pour les démocrates. Le débat lui-même était déjà hors norme, car après de nombreux exemples et expériences du mépris et du manque de respect de Trump, il a été organisé pour minimiser les incidents. Il s’est déroulé sans public, en studio, avec de strictes limites de temps et des micros qui s’éteignaient si l’un des candidats dépassait le temps imparti.

Ce n’est toutefois pas l’aspect le plus étrange du débat. La prestation elle-même était sans précédent. Trump a menti, inventé des faits et des chiffres, fait des déclarations extravagantes et attaqué Biden. Avec les compétences d’un expert en média, Trump a fait tenir ses interventions dans le temps imparti et a déroulé sa rhétorique raciste et xénophobe, ainsi que ses propos niant la crise climatique, pour s’adapter au débat. Biden, quant à lui, semblait presque abasourdi, les yeux dans le vide, trébuchant sur ses mots et perdant le fil de ses pensées. On aurait dit un vieux grand-père à qui l’on devrait retirer son permis de conduire. La prestation de Biden a plongé l’establishment du Parti démocrate en pleine confusion, de nombreux bailleurs de fonds et experts lui demandant de se retirer en faveur d’un autre candidat.

Pour l’instant, ceux qui conduisent la campagne de Biden affirment qu’il ne s’agissait que d’une mauvaise passe et que leur candidat se maintient. Mais, en fait, la piètre performance de Biden était tout à fait conforme à l’image qu’il a donné à voir en public au cours des derniers mois, ayant du mal à trouver ses mots et à suivre le fil de sa pensée. Il est peu probable qu’il se soit agi d’un trou d’air. La crise que traverse le Parti démocrate, si près des élections, est sans précédent.

On a vraiment du mal à croire qu’il s’agisse des candidats à l’élection présidentielle des États-Unis. Pratiquement aucun des propos de Donald Trump n’était en rapport avec des faits. Il a même décrit l’insurrection du 6 janvier 2021 comme un rassemblement dans le calme, et s’est décrit lui-même comme quelqu’un ayant appelé à la mesure et à la retenue – comme si nous n’avions pas tous vu les vidéos, disponibles en un clic sur Internet. Pendant ce temps, Biden était presque incohérent par moments, trébuchant sur un texte qu’il avait manifestement répété auparavant, et ne parvenant pas à répliquer aux affirmations les plus tordues de Trump. Trump a affirmé que les récents immigrants étaient responsables du climat de violence et des meurtres permanents, alors qu’ils commettent en fait moins de crimes que les citoyens américains, et Biden a donné l’impression de l’approuver. Lorsque Trump a affirmé que les démocrates étaient favorables au meurtre des bébés après leur naissance, Biden n’a pas réussi à démentir un mensonge aussi ridicule qu’effroyable.

Qui pourrait croire que ces gens sont des « leaders » qui devraient décider de notre sort et de la manière dont nous vivons ? Outre leurs performances lors des débats, nous connaissons leurs antécédents. Trump est milliardaire et Biden millionnaire. Tous deux parlent au nom de partis représentés et financés par des milliardaires. Trump ne croit pas que le changement climatique soit un problème, mais l’administration Biden, avec le peu qu’elle a fait, agit comme s’il ne s’agissait pas non plus d’un problème urgent. Trump demande à Israël de « finir le travail » dans sa guerre génocidaire contre le peuple palestinien, mais l’administration Biden a soutenu la guerre d’Israël sans relâche, faisant exactement ce que Trump promet. Alors que Trump appelle à attaquer les immigrés, l’administration Biden s’inspire de la feuille de route de Trump sur sa politique frontalière. Il est clair que Trump représente une intensification d’une politique haineuse et raciste, celle qui a alimenté son ascension, alors que Biden peut promettre un comportement plus serein. Mais en quoi s’agit-il d’un choix ?

Cette élection pose le même problème que les précédentes de façon encore plus aiguë : on nous demande de choisir entre le pire et le pire, une alternative entre un statu quo intolérable et quelque chose de pire encore. Mais comment en sommes-nous arrivés là ?

Le système politique américain, à la base, est conçu pour garantir la domination des riches, par la structure des élections, les inégalités dans le système de vote et le collège électoral, mais aussi par le simple fait que ce sont ceux qui ont les moyens financiers qui décident des candidats. Les partis et les médias ont décidé avant ce débat qu’aucun tiers parti ne serait autorisé à participer, même si, en fait, Robert F. Kennedy se présente à cette élection et est crédité d’environ 15 % des voix dans les sondages. Bien entendu, il n’a pu se présenter que grâce à ses propres relations politiques et à sa capacité à collecter des fonds, et ses opinions sont également extrêmes et dangereuses, puisqu’il campe sur des positions antivax et complotistes.

Il est temps que les travailleurs américains s’occupent eux-mêmes de leur défense. Nous avons besoin de notre propre parti. Nous avons besoin d’un parti qui s’oppose aux guerres et aux génocides, qui ne nous profitent en rien et constituent des crimes contre l’humanité. Nous avons besoin d’un parti qui ne privilégie pas les milliardaires, qui défende de bons salaires, un bon système de santé et d’éducation, qui mette en avant le logement pour tous, qui lutte contre le racisme, le sexisme et la xénophobie.

C’est le minimum nécessaire. Au-delà, nous avons besoin d’un parti de lutte, dans les entreprises comme dans les quartiers populaires, et qui ne se contente pas d’occuper le terrain électoral. Ce système est antidémocratique, conçu pour servir les riches, et les choix qu’il nous laisse sont de plus en plus intolérables. Il est temps de lutter pour le remplacer par un système dirigé par et pour la classe ouvrière.

2 juillet 2024

 

 

À lire en version originale sur le site de Speak Out Now : https://speakoutsocialists.org/an-unbelievable-debate-and-a-crisis-for-the-democratic-party/