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Transports publics en Île-de-France : abondance pour les JO, pénurie le reste du temps

Depuis des mois, les directions des entreprises de transport sont sur le pied de guerre : pendant les Jeux olympiques, il faut que ça roule ! Contrairement au reste de l’année donc… Un article de Mediapart du 15 juillet, intitulé « Paris 2024, médaille d’or des transports publics qui déraillent », pose des chiffres sur cet été tout en contrastes.

La circulation des transports en commun en Île-de-France durant les vacances scolaires d’été est traditionnellement réduite, les usagers étant moins nombreux. Mais que reste-t-il quand on allège par manque d’effectifs des plans de transport allégés ? Pas grand-chose. La direction de la SNCF reconnaît selon les lignes entre 7 et 17 % des trains prévus qui ne circulent pas avant et après les JO. Des moyennes qui ne rendent qu’imparfaitement compte de la situation : des associations d’usagers ont recensé jusqu’à quatre fois moins de trains qu’à l’accoutumée sur certaines gares de la ligne C du RER.

Cette situation de sous-effectif qui touche jusqu’aux métiers de la conduite dure au bas mot depuis trois ans : mélange de politiques de productivité et de compression des coûts, de gel des embauches durant la crise du Covid et de mauvaise anticipation sur le retour du niveau de fréquentation des transports d’avant la pandémie. L’offre de transport en Île-de-France n’a d’ailleurs toujours pas retrouvé son niveau d’avant Covid, ce qui ne l’empêche pas d’être en quasi-permanence « allégée »… sauf pendant les JO ! Dans cette grande vitrine de la France que sont les Jeux de Paris (ou région parisienne surtout), la mauvaise santé des transports publics, à l’instar du système hospitalier et de l’école publique, aurait fait tache !

Les pouvoirs publics et les directions des entreprises de transport ont donc opéré une concentration de leurs effectifs sur la période olympique : entre l’incitation forte à la présence au travail avec des primes qui pourront représenter jusqu’à un 13e mois de salaire pour les salariés des trains et des métros et des refus de demandes de congés depuis des mois, les directions se sont assurées des effectifs nécessaires pour tenir des plans de transport plus étoffés et robustes qu’à l’accoutumée (à l’exception des bus côté RATP vu les difficultés de circulation routière dans Paris, ce qui justifiait aux yeux de leur direction des primes JO plus basses), quitte à taper trop large… !

Pour une région SNCF comme Paris Saint-Lazare, là où au quotidien ce sont 30 à 40 agents de conduite qui manquent pour faire circuler tous les trains, durant les JO c’est 30 à 40 agents de conduite en « trop ». Ne pas leur donner de travail après avoir décrété la mobilisation générale ferait mauvais genre : la direction multiplie donc de très inhabituelles journées de formation en plein été… et incite maintenant à la pose de congés ! De même, les capacités d’hébergement servant aux découchés des agents de conduite ont été revus à la hausse : leur sous-dimensionnement pose d’ordinaire bien des problèmes, mais durant les JO c’est 10 à 15 chambres d’hôtel par jour payées au prix fort à Paris qui restent inoccupées, plutôt d’ailleurs que d’être mises à disposition du 115 et des services d’hébergement d’urgence (les pauvres à Paris durant les JO, ce n’est pas vraiment le concept !).

Que de pareils moyens soient exclusivement mis en place durant le temps de Jeux olympiques, au moment où le prix du ticket pour se déplacer dans Paris a doublé pour atteindre le prix prohibitif de quatre euros, constitue tout un symbole du service public capitaliste à la sauce Macron. Quant aux travailleuses et travailleurs du secteur du transport, nous aurions bien raison de prendre appui sur ces conditions de travail « olympiques » pour continuer les luttes contre les suppressions d’emploi, pour des embauches massives et des hausses de salaire. De ces luttes dépendent les conditions de transport des travailleuses et des travailleurs au quotidien.

Correspondants