Depuis un bon mois, c’est le patronat qui a fait le buzz en déclenchant une vague de licenciements sans précédent depuis 15 ans. Il a au moins 300 000 emplois dans son viseur, tout en menaçant d’en rajouter une centaine de milliers s’il venait à l’idée du gouvernement de rogner sur un seul des 150 milliards d’euros d’argent public qu’il touche chaque année.
Joutes parlementaires stériles… pour nous
Depuis la semaine dernière, les projecteurs se sont tournés vers l’Assemblée : après le 49.3, les motions de censure feront-elles tomber Barnier ? Et s’il tombe, quel futur gouvernement ? Le Rassemblement national joue au défenseur des pauvres en promettant de censurer le gouvernement s’il augmentait la taxe sur l’électricité ? Mais à peine Barnier avait-il cédé que Marine Le Pen l’accusait d’aggraver le déficit ! Autrement dit, de ne pas nous faire les poches d’une autre manière, car elle s’est par ailleurs opposée à toute taxe sur les riches, les actionnaires ou les entreprises.
Le RN est en fait tiraillé entre la pression de sa base, qui voudrait bien retourner vite aux urnes pour dégager Macron et Barnier, et la volonté d’apparaître aux yeux de la bourgeoisie comme un parti « responsable », ennemi du « chaos » que les macronistes promettent en cas de chute du gouvernement. Or, même le PS et Hollande se disent d’accord pour le faire sauter. Le RN n’a donc pas intérêt à apparaître moins radical, quitte à reprocher tout et son contraire à un Barnier pourtant à plat ventre pour renchérir sur de nouvelles attaques contre les immigrés ou affirmer son soutien à la politique génocidaire de l’État israélien !
Quant à la gauche, elle promettait d’abroger la réforme des retraites en un jour de parlottes et un vote à l’Assemblée. Elle a finalement démontré que le tapis vert des institutions est aussi fort pour pondre des lois anti-ouvrières que pour censurer tout ce qui pourrait aller en sens inverse.
Le 5 décembre et après, à nous de jouer…
La colère monte depuis un mois dans la fonction publique contre le passage d’un à trois jours de carence en cas d’arrêt-maladie. Si l’attaque passe, nul doute que, parmi les travailleurs du privé, ceux qui sont aujourd’hui protégés de ces jours de carence en seront également la cible.
L’appel intersyndical à la grève du 5 décembre recueille un écho extrêmement favorable, et particulièrement dans l’Éducation nationale : beaucoup d’écoles seront fermées. Alors que le gouvernement Barnier pourrait finir à la poubelle avant les sapins de Noël, il s’agit pour tous les salariés du public de s’engouffrer dans la brèche. Car, quel que soit le prochain Premier ministre, il mettra la même énergie à nous faire payer les dettes que les capitalistes ont fait contracter à l’État. Il mettra la même énergie à préserver les profits des patrons. Alors, le 12 décembre, les travailleurs du privé menacés de licenciement et les cheminots SNCF menacés de privatisation ont aussi intérêt à répondre en masse par la grève à leurs patrons.
… et de faire l’histoire ?
5 et 12 décembre : c’est une fenêtre de tir qui s’ouvre pour tous les travailleurs. Si les grévistes trouvent à leurs côtés, dans les manifestations de rue, sur les piquets de grève, d’autres travailleurs du privé et du public en lutte venus les rencontrer, des liens utiles pour tous commenceront à se nouer dans la perspective d’une lutte d’ensemble.
Personne n’a digéré la retraite à 64 ans, mais si demain une lutte d’ensemble éclate, elle ne devra pas se contenter de primes de licenciement misérables, de la suppression des jours de carence ou de 0,5 % d’augmentation de salaire. C’est l’ensemble de nos revendications que nous devrons discuter entre nous, pour pouvoir les imposer finalement à nos adversaires !
Éditorial du NPA-Révolutionnaires du 3 décembre 2024