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Mineurs isolés : à Lyon, la métropole protège surtout sa pelouse

Dimanche ​26 mars à 22 heures, parvis de la métropole de Lyon, 3e arrondissement. Sous la pluie, des tentes et matelas sont dégagés par les services sanitaires de la ville, sous la protection de CRS. La routine pour ces derniers, habitués de la chasse aux migrants. Quelques heures plus tôt, ils étaient venus démanteler le campement. Il faut dire que, sous les fenêtres d’une métropole prétendument « accueillante » présidée par l’écologiste Bruno Bernard, une occupation d’une trentaine de migrants ça fait mauvais genre. D’autant plus quand ces migrants sont des mineurs isolés dont la métropole est censée assurer la protection !​

​Mais c’est précisément la raison pour laquelle la majorité de gauche refuse de reconnaître la minorité de ces jeunes. Dans cette société où la police aux frontières laisse crever sous ses yeux, dans la Manche comme en Méditerranée, les femmes, hommes et enfants qui tentent de fuir la misère, être reconnu comme mineur peut théoriquement donner accès à une certaine protection. C’est en tout cas ce que dit la loi. Pour l’appliquer, l’État a confié la protection des mineurs aux départements. Mais ces derniers veillent sur leurs budgets. Et ne pas reconnaître la minorité de jeunes migrants, c’est se dégager de toute responsabilité par rapport à eux tout en évitant quelques dépenses. Comme si le fait de passer la barre fatidique des 18 ans justifiait de laisser des hommes et des femmes dormir dehors.

​Dans tous les cas, si Bruno Bernard espérait, grâce à cette expulsion, ouvrir son conseil métropolitain du lendemain avec une pelouse vide, il a dû être déçu ! Le lendemain, lundi 27 mars, les jeunes s’étaient de nouveau rassemblés avec leurs soutiens sous les fenêtres de la métropole. Depuis, ils continuent de camper dans la rue mais sont bien décidés à poursuivre le combat pour être traités dignement. Le 16 avril, une quarantaine d’entre eux se sont installés dans le square Sainte-Marie Perrin, toujours dans le 3e arrondissement. Deux fois par semaine, ils manifestent autour du siège de la métropole. Le collectif soutiens/migrants Croix-Rousse, quant à lui, appelle à un rassemblement lundi prochain, 26 juin, à 11 heures 30 devant la métropole au moment du prochain conseil métropolitain. Ils exigent une mise à l’abri d’urgence et une prise en charge en respect de la présomption de minorité, c’est-à-dire seulement l’application de la loi française.

​Bien sûr, ces revendications sont justes. Mais elles ne doivent pas nous faire oublier que la situation de détresse de ces jeunes est causée par le non-respect d’une liberté élémentaire : la liberté de circulation et d’installation pour tous et toutes. Les politiciens, de droite comme de gauche, veulent nous faire croire qu’on n’aurait pas les moyens d’accueillir celles et ceux qui fuient la guerre, la misère ou des dictateurs sanguinaires. Mais, à Lyon, on compte près de 18 000 logements vides depuis plus de deux ans. En France, les seuls actionnaires des entreprises du CAC 40 ont encaissé 68 milliards d’euros de dividendes l’an dernier. Alors, face à ceux qui protègent les exploiteurs en pointant les migrants qui nous coûteraient trop cher, nous répondons : solidarité internationaliste avec nos frères et sœurs de classe migrants !

Correspondant