Plus de 50 000 réfugiés en provenance du Haut-Karabakh sont arrivés jusqu’à présent en Arménie, soit plus du tiers de la population de cette enclave arménienne en territoire azéri. Et ils devraient être encore très nombreux à franchir la frontière dans les jours qui viennent. Cet exode massif, qui prend de plus en plus l’aspect d’un nettoyage ethnique, se déroule dans l’indifférence générale. Les pays de l’Union européenne s’en tiennent à de vagues appels à une « action diplomatique internationale » en refusant de condamner l’opération militaire de l’Azerbaïdjan qui a fait plusieurs centaines de morts, dont de nombreux civils. Cette extrême réserve s’explique en partie par le fait qu’en juillet 2022 la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a signé un accord avec le dictateur local, Ilham Aliyev, visant à doubler l’importation de gaz azéri vers l’UE. Elle le qualifiait alors de « partenaire fiable et de confiance ». La Russie, qui entretient sur place une force de 2 000 soldats censée s’interposer entre les deux camps, n’a pas bougé face à l’offensive des troupes azéries. Et pour cause. Depuis novembre 2022 une grande partie du gaz russe sous embargo européen transite par Bakou – où Moscou est partie prenante dans le principal gisement local – avant d’être réexpédiée sur le marché international. Quant aux États-Unis, ils ont déjà utilisé le refroidissement des liens entre l’Arménie et la Russie pour investir massivement dans des usines de semi-conducteurs à Erevan, puis organiser des manœuvres militaires communes avec l’armée arménienne. Déjà bien présent en Géorgie, l’impérialisme américain s’implante désormais dans un second pays du Caucase. Et toutes ces grandes manœuvres se font sur le dos du peuple arménien du Haut-Karabakh.