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Arras : un crime et son instrumentalisation

L’assassinat de Dominique Bernard, un professeur de lettres du lycée d’Arras, par un de ses anciens élèves originaire de la république d’Ingouchie, de nationalité russe, soulève une légitime émotion. Aucune cause ne peut justifier ce crime horrible. Mais l’instrumentalisation de ce drame par le gouvernement et toute une partie de la classe politique et des médias est elle aussi criminelle. Elle vise à diriger la colère contre les musulmans et les migrants, comme si ceux-ci avaient la moindre responsabilité dans cet acte.

Les crimes commis par des individus isolés, et souvent un peu dérangés, dans des établissements scolaires, se sont multipliés au cours de ces dernières décennies dans les pays riches. C’est aux États-Unis qu’ils font le plus grand nombre de victimes en raison de la libre circulation des armes à feu. Les auteurs de ces tueries se revendiquent parfois de différentes idéologies, pas seulement de l’islamisme mais aussi de l’extrême droite ou de l’intégrisme chrétien, voire de toutes sortes d’idées morbides. Derrière les motivations avancées par les criminels et le milieu familial et social qui les a influencés, il y a souvent un profond mal-être, une souffrance qui a provoqué une haine nihiliste. C’est un phénomène très différent du terrorisme organisé, même si des évènements internationaux ou nationaux peuvent avoir un impact sur des individus fragiles. Quant au véritable terrorisme, qui opère avec des moyens autrement meurtriers que des couteaux, il est le plus souvent la conséquence des conflits. Bien souvent, c’est la retombée des interventions de l’armée, dont l’armée française, dans des pays pauvres. C’est l’arme des États et organisations qui ne disposent pas de missiles et d’avions pour bombarder leurs ennemis.

La solidarité avec la famille et les collègues de cet enseignant et la colère contre ce crime ne doivent pas nous égarer et nous laisser manipuler par ceux qui cherchent à semer la haine et à creuser un fossé entre les uns et les autres dans la population laborieuse.