Il y a cinquante ans, le 11 septembre 1973, le chef de l’armée, le général Augusto Pinochet, renversait le régime du président Salvador Allende qui gouvernait le pays à la tête d’un gouvernement de gauche d’Unité populaire, une alliance entre son propre Parti socialiste, le Parti communiste et d’autres petites formations de gauche. Allende se suicida dans le palais présidentiel pour ne pas tomber aux mains des insurgés. Commença alors la chasse aux militants de gauche et aux syndicalistes dont des milliers furent tués ou disparurent sans laisser trace alors qu’un nombre encore plus important fut emprisonné. Le régime de terreur militaire dura pendant 17 ans. Réalisé avec l’appui de la CIA américaine, informée depuis le début des intentions des militaires, le coup d’État était dirigé contre les masses populaires qui soutenaient Allende mais avaient commencé à s’auto-organiser dans les entreprises et les quartiers populaires dans des « cordons industriels ». La droite, l’armée et les États-Unis voyaient d’un très mauvais œil ces mobilisations et les timides pas en avant d’Allende dans la voie des nationalisations et de la réforme agraire. Et malgré un premier coup d’État manqué en juillet 1973, la gauche du gouvernement continua de dresser des couronnes à l’armée. Le secrétaire général du Parti communiste, Luis Corvalan, déclara peu après : « Nous continuons de soutenir sans réserve le caractère professionnel des institutions militaires » garantissant même le « légalisme » de Pinochet. On connait la suite. En répandant ses propres illusions sur l’armée, la police et les autres corps de répression, la gauche réformiste chilienne signa non seulement son propre arrêt de mort mais livra pieds et poings liés les masses populaires à la soldatesque.