Nos vies valent plus que leurs profits

Du rififi chez les marchands de canons

En novembre 2023, Jean Verney Caron, héritier de l’entreprise de Saint-Étienne du même nom, avait annoncé triomphalement une commande de 12 000 fusils et de 500 lance-grenades pour l’armée de Zelensky. Toute la presse locale avait repris la nouvelle avec enthousiasme : grâce à la guerre d’Ukraine, des emplois allaient être créés et la région revivre. Verney Caron était si sûr de son coup qu’il allait abandonner la fabrication de fusils de chasse. La guerre, ça paie mieux.

Cette entreprise avait connu la prospérité lors de la guerre de 14-18 en vendant le fameux fusil Lebel qui faisait merveille dans les tranchées. Mais, en 1920, elle avait dû se reconvertir dans les armes de chasse. Depuis, elle était devenue une filiale du groupe Cybergun (ça ne s’invente pas…), qui produit entre autres les flash-balls. Mais la joie de son patron était prématurée. Le directeur de la DGA, Direction générale de l’armement, organisme d’État chargé de gérer les ventes d’armes à l’étranger, a déclaré à la presse qu’aucun contrat n’avait été signé, que Verney Caron avait essayé de lui forcer la main avec ces annonces et que l’armée ukrainienne n’avait pas besoin d’armes de petit calibre.

Verney Caron a encore un espoir : si Macron envoie des fantassins en Ukraine, peut-être que ses affaires seront quand même boostées. La mort est leur métier.