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Emmaüs : extension de la grève à Tourcoing (Nord)

Depuis mardi 12 septembre, les sans-papiers et salariés en CDDI (contrat à durée déterminée d’insertion) d’Emmaüs Tourcoing, dans le département du Nord, ont décidé de revendiquer des régularisations et des hausses de salaire pour tous. Mis à part quelques bénévoles, 80 travailleurs du site sont en grève, c’est-à-dire la quasi-totalité.

Les fausses promesses : une situation similaire aux trois grèves

Samedi après midi, l’ambiance sur le piquet au dépôt de marchandise est à la musique dansante et la bonne humeur. L’un d’eux nous raconte : « Ça fait deux ans et demi que je suis ici, j’en ai marre des promesses. Certains ça fait cinq, six, même dix ans qu’ils sont là et aucun espoir de régularisation. » Pourtant, cette communauté possède le statut Oacas (Organisme d’accueil communautaire et d’activités solidaires). Un statut non encadré par le Code du travail qui, sur le papier, donne droit à la régularisation au bout de trois ans chez Emmaüs. Or la majorité des « compagnons d’Emmaüs », nom donné aux travailleurs sans papiers, n’obtiennent pas de régularisation au bout de trois ans. De la même manière qu’à Emmaüs Grande-Synthe et Saint-André-lez-Lille, ce statut semble être en carton. Emmaüs France présente les communautés comme autonomes et se déresponsabilise ainsi de toute irrégularité. Pourtant, les situations des sans-papiers dans ces trois communautés sont similaires : des fausses promesses de régularisation au bout de trois ans, des lieux de vie insalubres, des chefs tyranniques et peu soucieux du bien-être des travailleurs.

Vivre le racisme au quotidien

Comme à Saint-André-lez-Lille ou Grande-Synthe, les travailleurs sans papiers de Tourcoing subissent un racisme quotidien. Notamment de la part des chefs qui n’hésitent pas à les menacer d’expulsion quand leurs attitudes ne conviennent pas. Pourtant, ils ont toutes les raisons de se révolter. Des locaux de vie où prospèrent rats et souris ; un dépôt qui s’inonde à chaque pluie importante et non-isolé, ce qui oblige à travailler en manteau l’hiver avec un froid persistant ; des machines défectueuses qui occasionnent des coupures de doigts alors même qu’un rapport avait été fait par un technicien (viré par la suite).

Une rencontre avec les directions : Emmaüs a peur que la grève s’étende encore ?

Lundi 18 septembre, les représentants des grévistes ont rencontré les directions d’Emmaüs Tourcoing et d’Emmaüs France, qui promettent de répondre aux revendications des grévistes. Encore faut-il obtenir un accord écrit avant de lever la grève…

Correspondant