Il y a quelques années, le coureur cycliste Richard Virenque s’était fait pincer lors d’un contrôle antidopage. Il avait alors affirmé pour sa défense qu’il s’était fait doper « à l’insu de son plein gré ». La phrase était devenue célèbre comme évidence comique de la mauvaise foi. Eh bien le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, est en passe de devenir le Virenque du prétoire. Il est poursuivi devant la Cour de justice de la République pour conflit d’intérêt pour avoir fait poursuivre en tant que ministre quatre magistrats avec lesquels il avait eu maille à partir lorsqu’il était avocat. Et sa défense est limpide : il ne savait rien et ce sont ses services et son administration qui ont engagé des poursuites. Sans doute à l’insu de son plein gré. Les juges ne seront sans doute pas dupes, mais il ne risque pas grand-chose. En effet, composée de trois magistrats professionnels et de douze parlementaires, la Cour s’est montrée dans le passé extrêmement clémente avec les ministres qui comparaissaient devant elle.