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Fermentation sociale à Lactalis-Clécy (Calvados)

Lundi 10 juillet, une dizaine de militants syndicaux (CGT, CFDT, Sud-Solidaires) se rassemblaient devant l’usine Lactalis de Clécy (Calvados). La semaine précédente, un premier rassemblement avait déjà eu lieu, à l’initiative de la CGT. La raison : un salarié était convoqué à un entretien préalable à licenciement. Ce qu’on lui reproche (officiellement) ? Ne pas avoir mis, une fois, ses bouchons d’oreille et d’avoir « failli » marcher sur un sol non stable… pas grand-chose en fait. Alors, pourquoi cette procédure ?

Embauché depuis plus d’un an, ce salarié a bénéficié coup sur coup de deux augmentations de salaire : la direction appréciait apparemment son travail. Mais en mai dernier, dans la foulée de la mobilisation contre la réforme des retraites, il décide de monter une section syndicale CGT. FO (syndicat pour le moins modéré à l’usine) lui signifie qu’il a alors « choisi son camp ». Le patron cherche pour sa part en vain à connaître le deuxième salarié, indispensable à la création d’une section mais ne bénéficiant pas de la protection minimale accordée au premier. Il s’emploie en outre à dégager les militants qui distribuent des tracts aux portes de l’usine. Cet entretien apparaît alors clairement comme de la répression à l’encontre d’un militant potentiellement combatif. Mais n’ayant en réalité aucune raison valable aux yeux de la réglementation pour le licencier, le patron passe une semaine à lui proposer une rupture conventionnelle. Pas de chance : le militant refuse.

Cette affaire est révélatrice de l’état d’esprit de ces patrons qui ne supportent pas de voir contester leur pouvoir dans leur entreprise. À peine la section syndicale montée et alors qu’il n’y a eu quasiment aucun gréviste durant le mouvement de défense des retraites, ce patron refuse que les salariés puissent avoir une autre information que la sienne, puissent débattre dans d’autres termes que ceux qu’il impose. De quoi a-t-il peur ? De la même chose qui rend tous les patrons fébriles : que le mouvement social de cet hiver, même avec ses limites, fasse émerger ici ou là des sections et des militants convaincus qu’ils peuvent permettre à la colère profonde, accumulée depuis trop longtemps, de trouver un débouché.

Correspondante locale