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Gaza : les massacres dans les « centres d’aide »

Le quotidien israélien de gauche Haaretz (en hébreu « Le pays ») a publié, le 27 juin, des témoignages de soldats israéliens sur les assassinats de Palestiniens alors que ceux-ci cherchent à trouver de la nourriture auprès des prétendus centres d’aide. Selon Haaretz : « D’après les conversations avec des officiers et des soldats, il est apparu que les commandants ont ordonné aux troupes de tirer sur la foule pour la repousser ou la disperser, même s’il était clair qu’elle ne représentait aucune menace».

Des massacres quotidiens ont lieu depuis que, fin mai, la distribution de l’aide a été retirée aux organisations humanitaires et aux agences de l’ONU pour être confiée à la « Gaza Humanitarian Found », une organisation opaque créée par Israël et des sectes évangélistes américaines.

Rien qu’au cours du dernier mois, les ordres d’évacuation de l’armée israélienne ont contraint 242 000 personnes à se déplacer. Aujourd’hui, plus de 80 % de la bande de Gaza est interdit à ses habitants, qui cherchent à survivre dans les pires conditions et sont réduis à la famine. Les quatre centres de distribution alimentaire sont « protégés » par les miliciens d’Abu Shabab, liés à Daech, que le gouvernement israélien soutient pour éliminer le Hamas (comme il avait, dans le passé, soutenu le Hamas pour évincer l’OLP) et par l’armée israélienne. Chaque jour, des milliers de personnes y affluent dans l’espoir d’y trouver un peu de nourriture.

Le contrôle des foules affamées se fait en ouvrant le feu pour le moindre prétexte : parce que certains sortent des files d’attente, ou pour disperser ceux qui se pressent encore après l’heure de fermeture des centres. Parmi les témoignages des soldats publiés par Haaretz : « Gaza n’intéresse plus personne. C’est devenu un endroit avec ses propres règles » … « Tirer au mortier pour éloigner des personnes affamées n’est ni professionnel, ni humain »… « Nous ouvrons le feu si quelqu’un essaie de faire la queue à quelques centaines de mètres, et parfois nous chargeons à bout portant. Mais il n’y a aucun danger pour les forces armées. Je ne connais pas un seul cas où les tirs ont été ripostés. Il n’y a pas d’ennemis, il n’y a pas d’armes. »

Pour les Palestiniens contraints à risquer leur vie pour un sac de farine ou de riz, ces prétendus centres d’aide sont devenus un piège mortel.

Thierry Flamand