61 millions d’électeurs étaient appelés à renouveler le Parlement mais aussi l’Assemblée des experts, chargée de désigner le guide suprême, la plus haute autorité de la République islamique. Si les autorités se sont félicitées de « la bonne » participation dans les 59 000 bureaux de vote, souvent installés dans des écoles et des mosquées, le suspense était nul. Et pour cause. Des dizaines de milliers d’opposants sont en prison et les islamistes « modérés » ont été largement écartés des scrutins et leurs candidatures invalidées. Autant dire que dans les futures assemblées, les islamistes les plus extrémistes vont se retrouver largement entre eux. Alors pourquoi se donner la peine d’organiser un tel scrutin ? Le principal enjeu est le taux de participation, car les autorités veulent montrer par ce biais au monde extérieur le pseudo-attachement de la population au régime. Elles ont du pain sur la planche. Lors des dernières élections, en 2020, selon les chiffres officiels, seuls 42,57 % des électeurs s’étaient officiellement déplacés, soit le taux le plus faible depuis la proclamation de la République islamique en 1979. Depuis, il y a eu le vaste mouvement de contestation qui a suivi le mort de Mahsa Amini en septembre 2022 et la désaffection croissante d’une large partie de la jeunesse à l’égard du régime. Alors il est probable que le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei – qui a exhorté les Iraniens à participer à ces « élections fortes et ferventes » car « il est important de montrer au monde que la nation est mobilisée » – fera bidouiller les résultats si ces derniers ne lui conviennent pas. Mais cela ne trompera pas grand-monde. Quant aux groupes d’opposition ils ont tous appelé au boycott.