Nos vies valent plus que leurs profits

Le chlordécone à la Chambre des députés

Les députés ont finalement adopté une proposition de loi portée par le député socialiste de Guadeloupe, Élie Califer, visant à reconnaître la responsabilité de l’État dans un scandale sanitaire qui empoisonne les Antilles depuis des décennies, celui du chlordécone. Ce pesticide, répandu dans les bananeraies pour lutter contre le charançon, avait été interdit aux États-Unis dès 1975, mais était resté autorisé en France jusqu’en 1990, et même jusqu’en 1993 – quinze ans après les premières alertes de l’Organisation mondiale de la santé – aux Antilles, où il avait bénéficié d’une dérogation. Résultat : des centaines de milliers de personnes intoxiquées et une pollution généralisée des sols, en Guadeloupe comme en Martinique. Mais les macronistes avaient fait feu de tout bois contre le texte en tentant de diluer la responsabilité de l’État dans cette affaire et en pointant du doigt les autres protagonistes, notamment les fabricants du pesticide, les propriétaires des bananeraies et les élus locaux qui plaidaient à l’époque pour des dérogations. Mais si ces gens-là sont également coupables, c’est l’État qui en dernière analyse avait donné son accord. Le texte, qui a largement une valeur symbolique, reconnait cependant cette responsabilité et ouvre la voie à une éventuelle indemnisation des victimes. Rappelons qu’en janvier 2023, le non-lieu prononcé par deux juges d’instruction parisiennes enquêtant sur le scandale avaient provoqué une levée de boucliers aux Antilles où la population reste mobilisée pour obtenir justice et réparations.