Le magazine Complément d’enquête sur France 2 a consacré un sujet à Arnaud Rousseau, 50 ans, président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), patron du géant de l’agro-industrie Avril et céréalier en Seine-et-Marne. Il cultive avec sa femme un peu plus de 700 hectares de terres, dix fois plus que la taille d’une exploitation moyenne. En un peu plus de dix ans, il a acquis trois nouvelles exploitations autour de chez lui. Pour ce faire, il a importé les méthodes du monde des affaires dans le monde paysan. Toutes ses surfaces agricoles sont divisées en sociétés, contrôlées par une holding, la Spondeo. L’objectif est simple : acheter des terres par le biais de la holding, et en plusieurs fois, sous forme de centaines de parts sociales. Légale, cette technique d’achat permet d’éviter le droit de préemption car généralement les terres à vendre sont cédées en priorité aux jeunes qui se lancent ou aux agriculteurs bio. Ce qui n’est pas son cas. En achetant ces terres avec des sociétés distinctes, Arnaud Rousseau multiplie aussi certaines subventions de Bruxelles. Avec quatre sociétés dont il est actionnaire, il perçoit quatre versements de l’aide aux premiers hectares. « Une captation d’une mesure de justice au profit des plus gros », selon le journaliste Gilles Luneau, qui a enquêté sur la FNSEA, car « cette aide est faite, au départ, pour aider les petites exploitations, et en particulier les bio et les éleveurs, les petites surfaces autour de 70 hectares ». Bref, Rousseau fait son beurre et utilise la colère des petits paysans pour négocier avec les pouvoirs publics des législations qui sont favorables à des gros comme lui, parfois au détriment des agriculteurs qu’il prétend défendre.