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Les voyages énervent la jeunesse

Ce week-end des 23 et 24 septembre s’annonçait radieux à Paris. J’habite à Caen, à deux heures et demie de route, alors j’opte pour le covoiturage. Pas de chance, blablacar.fr est en rade. Pendant plusieurs jours, tentatives infructueuses de connexion. Quand je me rabats sur le train, c’est tarif plein pot : 43,50 euros. Avec le covoiturage retour à 21 euros, ça fait cher l’aller-retour. Mais un ami m’attend samedi et m’héberge le soir : let’s go quand même.

Donc un aller plutôt chérot ! Mais bien costaud, le retour aussi !

Dimanche midi, pas de chance : le conducteur du covoiturage annule le trajet. Les autres covoiturages au départ de Paris apparaissent bien sur le site de Blablacar… en grisé : c’est complet. J’ai le choix entre des trajets pour une vingtaine d’euros, mais au départ de patelins en lointaine banlieue dont j’ignorais jusque-là le nom (quant à savoir s’ils sont desservis par le RER…) ou le Blablabus au départ de La Défense pour 29,99 euros à 18 h 10. Bien tard pour moi. Et j’ai un mauvais souvenir de mon dernier départ de La Défense : le bus n’est jamais passé au point de départ indiqué, qui n’était pas la gare routière, mais une obscure coordonnée GPS devant un hôtel aux portes aussi accueillantes que celles d’une prison. La SNCF n’a pas besoin de nous faire préférer le train : Blablacar fait finalement très bien le boulot. Je réserve donc un billet de train, car il est loin le temps où on pouvait l’acheter dix minutes avant le départ et quand même avoir une vraie place.

Dimanche 16 h 30, il est temps de quitter mes amis parisiens. Le site ratp.fr indique que je serai à Saint-Lazare en 26 minutes chrono par la ligne 14 du métro, mais je prends une marge de sécurité : on ne sait jamais. Par exemple, le site de la RATP pourrait avoir oublié que la ligne 14 est fermée toute la journée ce dimanche 24 septembre. Bingo, c’est le cas ! Pas de panique, un bus de substitution circule… mais juste sur une portion du trajet. Et il avance beaucoup moins vite. Ma marge de temps fond comme neige au soleil, mais en courant comme un dératé d’un quai de bus à un quai de RER, j’ai encore un tout petit espoir d’attraper mon train. RER A, station Auber, le provincial que je suis est content de voir que le chemin jusqu’à la gare Saint-Lazare est fléché et le temps de trajet estimé. Sept minutes à pied ? En courant encore un peu, ça reste jouable. Mais sitôt sorti de la station, débouchant en plein dans les grands magasins, le fléchage s’évanouit. Cette fois, c’est cuit, il faudra prendre le train suivant.

Saint-Lazare 17 h 40, le numéro de quai s’affiche. Je remonte vers la voiture de ma réservation, la numéro six. « Cette voiture ne prend pas de voyageurs » indique l’écran digital juste à côté de la porte. Retour en tête de quai, là des agents en gilet rouge s’égosillent, la SNCF n’ayant pas jugé utile de leur payer un mégaphone. « Les premières voitures restent ici », me disent-ils. « Mais où est-ce que je monte alors ? » « Faut demander au chef de bord. » Retour en tête de train, je trouve le contrôleur. Entre-temps, l’affichage a été corrigé. La voiture 13, juste après la voiture 6 (logique, non ?) est devenue la voiture 2. Ouf ! Je me voyais déjà obligé de faire le trajet debout comme la presse l’a rapporté il y a quelques mois à propos d’un Paris-Cherbourg particulièrement chaotique. « On a détaché les six premières rames. Elles restent ici. Il fallait que l’affichage soit réinitialisé » me dit le contrôleur d’un air où la lassitude le dispute à la patience. « Mais, là, c’est bon, tout est dans l’ordre. » Je file à ma voiture, la toute première rame du train. Vraiment toute première : à dix minutes du départ, la locomotive n’est toujours pas là…

Terminons ce billet par un vif encouragement à nos camarades cheminots, appelés à une journée de grève dans quelques jours, le 26 septembre !

Correspondant